Souvenirs de Sidi-bel-Abbes
Carnets d'un artilleur pied-noir engagé dans la campagne de Provence en 1944
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Mardi 22 août 1944

Cette nuit, les voitures sont restées en état d’alerte, car on craint que les Allemands trainant sur la montagne ne tirent sur nous. La nuit a pourtant été calme. Suis resté en faction au poste de 4 à 7. Après la toilette, ai essayé de me reposer, mais impossible. La journée a été chargée : les batteries ont tiré abondamment en contre-batterie. J’ai fait mes premiers tirs, mais je ne sais où cela est tombé car nos observations sont médiocres. L’avance du CC1 se poursuit quand même. On annonce que Aubagne est pris. D’après les renseignements, les éléments avancés sont du côté de Carnoux, faubourg de Marseille. A 15h, une mauvaise nouvelle à la pièce. Le Capitaine, parti en reconnaissance, revient seul : sa jeep a sauté sur une mine et

son chauffeur Berniche a été tué. Le Capitaine semble très ému : il lui faut de la gnole pour se remonter.

17h, on quitte la position. Route de Gémenos, Pont de l’Etoile et arrivée à Aubagne. Quelques dégats sur la route, mais pas importants. La route a été minée à l’entrée. On tourne à droite sur la Paroisse où l’on s’arrête pour la nuit. On apprend que des groupes allemands circulent par là et les Tabors sont à leur recherche. On entend la fusillade. Nous pointons nos mitrailleuses dans la direction dangereuse. Il paraît que les Tabors ont réduit au silence une batterie ennemie en l’assaillant la nuit, en silence, aux couteaux.