Mercredi 23 août 1944
Un mauvais réveil ce matin. A 3h étais de faction à la mitrailleuse. A 5h je descends de l’Half-Track pour chercher le suivant. Tout à coup dans le silence, un coup de canon, puis un sifflement inconnu. Je réagis, quand brusquement à 100m de la ligne d’arbres une déflagration. On tire sur nous. 2ème coup à droite, puis 2 coups à gauche. je m’attends à un réglage sur nous, quand les coups partent sur la gauche dans Aubagne. de temps en temps, le sifflement devient aigu et le coup tombe près de nous. Drôle de sensation. Ce n’est pas la peur, mais j’ai ressenti une certaine angoisse. J’attendais le coup de départ, puis d’après la nature du sifflement, j’essayais de déterminer la distance du point de chute.
Puis petit à petit, je me suis habitué et je n’ai plus écouté. A 7h tout s’est arrêté. A 9h, nous sommes en position. On n’entends pas un bruit, que se passe-t’il ? A 13h départ par Camoins-les-bains jusqu’à la Valentine dans la banlieue de Marseille. L’éxubérance du Midi ajoute à l’enthousiasme. Des jeunes filles nous ont donné un drapeau. L’une d’elle m’a embrassé et même décoré de rouge : c’est la 1ère fois. On nous photographie et on nous promet les épreuves. Après avoir erré un peu dans la banlieue. Nous avons été installé dans le parc d’une maison de maîtres qui ont l’air de ne pas trop avoir souffert de la guerre. Ils ont paraît-il pain blanc et lait !... Je dolis être de faction jusqu’à minuit.