Souvenirs de Sidi-bel-Abbes
Carnets d'un artilleur pied-noir engagé dans la campagne de Provence en 1944
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Samedi 19 août 1944

Réveil tôt mais longue pause à 200m du lieu de stationnement. Rencontre avec des gens qui parlent encore d’atrocités. Enfin départ avec passage à Le Val, puis à Bras. Dans ce dernier village, c’est un enthousiasme indescriptible. Tout le monde est sur notre passage avec bouteilles et verres préparés à notre intention. Nous n’en finissons pas de boire et de reboire. Certains sont embrassés à profusion. En revanche, nous liquidons tous nos stocks de bonbons, sucre, chocolat, cigarettes.

Halte à 3h dans une petite ferme où l’accueil est aussi chaud. Bonne toilette, une dame lave mon linge et coud insignes et galons, en échange de savon qui la rend très contente. Nous mangeons raisins et pêches délicieuses. Nous pensions passer la nuit, mais brusquement ordre de départ vers le Sud. A la sortie de la ferme, nous nous arrêtons car, à 500 m de nous, les chars sont arrêtés par une mitrailleuse isolée. << Cessez le feu >> car les Allemands ont décroché et nous roulons presque toute la nuit. Couchés à 3h, très fatigués, en plein champ.