Vendredi 18 août 1944
Aujourd’hui, départ tôt : il fait frais après l’averse de la nuit. Nous roulons pour approcher l’ennemi. Les villages sont pris et dépassés, nous arrivons ensuite. Passage à Flassans de bonne heure. Après quelques kilomètres, nous faisons halte avant Cabasse, devant une petite propriété, à l’ombre des arbres. Nous y restons jusqu’à 16h. A 300m de la maison, un cadavre allemand m’impresionne désagréablement. Il a été tué par les patriotes. Dans le pays, ils sont très actifs. Il faut les entendre parler, pour connaître la haine qu’ils ont accumulée contre les Allemands : je les crois quand ils parlent d’atrocités. Quelques prisonniers sont aux mains des patriotes, ils sont sévèrement gardés : attention à leur peau ! Des ambulances passent emmenant quelques soldats victimes d’Allemands embusqués dans les bois et qui ont tiré sur les éléments
français après le passage des chars. Méfiance pour nous ; nous assurons des patrouilles. Départ enfin ! Passage à Cabasse où les patriotes sont tout joyeux. Après les mines de bauxite, nous prenons une mauvaise route à travers les bois. Nous surveillons les côtés de prés. La pluie se met à tomber. Caché sous la bâche, je ne distingue rien du paysage. Nous traversons Carcès où l’enthousiasme est considérable. mais il paraît que les gens n’ont pas été très courageux : ils ont laissé partir les Allemands qui étaient en garnison, après réquisition des vélos. Route encore ; on entend le canon au loin. Brusquement, nous tournons à gauche dans un chemin creux : installation de nuit dans la cour d’une ferme où nous dormons peu et mal.