Samedi 12 août 1944
Il est minuit, je viens de terminer un bridge. Avant de me coucher, je suis monté sur le pont pour jeter un coup d’oeil. La nuit est noire, on ne voit pas à un mètre. Cela frappe l’esprit. D’après la polaire, la direction semble toujours la même. Depuis Oran, nous longeons la côte. Ce matin, tôt, Alger a été dépassé, avec tout juste la distraction d’un convoi marchant en sens inverse. Vers 9h, j’ai
reconnu Delhys que j’avais déjà vu de la mer en avril 40. La journée a été terne. Mais j’ai lu le plan du débarquement. Si cela est vrai, je devrais connaître le baptème du feu dans 48h, partiellement, et complètement jeudi 17. Sera-ce vrai ? En tout cas l’affaire s’annonce importante. Penseras-tu à moi ces jours-là ? Demain sans doute, allons-nous obliquer et foncer directement sur la Corse.