Dimanche 13 août 1944
Ce matin 9h, nous avons délibérément tourné le dos à l’Algérie. A ma première sortie sur le pont, je n’ai pu que regarder disparaître au loin une montagne brumeuse du côté de Philippeville. j’ai préféré ne pas trop penser : il faut que je garde mon sang-froid. je ris et je chante pour cacher mon émotion.
Nous savons exactement ce qui va se passer. mardi 8h, les premiers débarquements américains doivent se faire. 8h après notre bateau débarque les pontons qu’il transporte au large de Cavalaire. Ce sera certainement mon baptème du feu.
Ensuite, nous attendons les ordres pour débarquer à Fréjus-plage avant jeudi 8h. penseras-tu à moi ce jour-là ! Certainement, mais tu ne te douteras pas de ce que je ferai. Aujourd’hui la radio annonce que 750 avions américains ont commencé à bombarder le midi de la France. Les plans ne sont donc pas modifiés.
Toute la journée, nous n’avons que le fastidieux horizon de la mer. A 23h, nous sommes déjà certainement à hauteur de la Sardaigne, mais nous ne la verrons pas, car nous la longerons qu’à 60 ou 70 km.