Notre tenue (enfants et encadrement) se devait d’être exemplaire vis-à-vis de la population, du bonjour quotidien au bonsoir répété, nous sommes là pour montrer et prouver notre détermination à rester français, à nous intégrer et à dire :
Nous sommes français.
Mme Jean, cuisinière, aidée de sa fille Marthe, nous mijote de bons petits plats. L’ambiance est bonne.
J’ai, tout en m’occupant d’enfants, le gîte, le couvert et en plus, à mon âge, le plaisir de « .. », je n’en dis pas plus.A la fin du séjour, fin septembre, je pars, direction l’Alsace (Leiterswillers près de Hoffen), afin d’attendre une régularisation des traitements (Mai, Juin, Juillet, Août, Septembre) qui arrivera début octobre et surtout une nomination. Il ne faut pas oublier mes vœux répondant à une note de service de l’académie d’Oran établie en mars 62: pour une intégration en métropole, 10 départements au choix :
81 Tarn, 66 Pyrénées Orientales, 82 Tarn et Garonne, 33 Gironde, 17 Charente maritime, 44 Loire Inférieure, 49 Maine et Loire, 37 Indre et Loire, 21 Côte d’or, 41 Loir et Cher.
5 novembre 1962, la lettre tant attendue est présentée par le facteur : Ecole la Renaissance, rue Edmond Rostand Le Havre, le temps de préparer mes affaires et me voilà parti.
Le mercredi 7 novembre je me gare devant cette grande école, toute neuve, et je comprends immédiatement la joie du directeur: j’arrive et je le décharge de cours. Dans la cour durant la récréation les enfants (garçons) les instituteurs (hommes et femmes ) me regardent bizarrement: ils doivent se demander si je suis bien le pied-noir tant attendu, blond (rojo mal pelo, comme on disait là-bas) aux yeux bleus (genèse de mon père, mon père avait les yeux bleus.)
Le directeur me présente la classe, prend soin de me fournir un plan de la ville, schéma à l’appui, pour me rendre à la sous-préfecture où l’on pourra me diriger vers un foyer: une chambre, 80 Bd de Graville, le bâtiment SONACOTRAL étant réservé à tous les nouveaux arrivants, pieds-noirs, quant aux repas du soir: la cantine des PTT peut ….nous accueillir.
Mars 63, la régularisation de mon traitement voit le jour: 719,53 NF sans l’allocation logement (les 714,15 NF, d’octobre 1961 : Où sont les 33% versés aux fonctionnaires en poste en Algérie: je ne peux m’empêcher de mettre les feuilles sous le nez de la directrice de l’école de filles. La colère me gagne, je préfère partir. Du 1er échelon, au 2ème échelon il fallait 1 an 3 mois d’ancienneté pour passer au grand choix, de même jusqu’au 6ème échelon, d’où un gain pour celle ou celui qui passait au grand choix de 20+15+10= 45 points d’indice et une amélioration de salaire, alors que moi j’étais toujours au 1er janvier 65 au 1er échelon.