Roger Picon
Histoire d'Antoine Martinez, 07
obscur "poilu" mort pour la France
Sidi-bel-Abbès, 26 juillet 1892
Wischaëte (Belgique), 6 novembre 1914
Je voudrais rappeler, sans faire de polémique stérile, que ces morts, comme ceux de la guerre de 1939-1945 d’ailleurs, n’étaient pas encore des « Pieds-noirs ». C’étaient tout simplement des français d’Algérie et cela suffisait à nourrir leur fierté. Nul ne pourra dire pour qui leur cœur battait et de quel côté il penchait. Dans dix petites années nous fêterons le centième anniversaire de ce jour fameux que mon propre père a pu vivre sous l’uniforme après être entré dans la fournaise en Juillet 1918. Je reprendrai les mots du pasteur Martin Luther King et je dirai : j’ai fait une rêve. J’ai rêvé que chaque commune d’Algérie dont le monument aux morts a été démantelé, où les noms des morts, qu’ils soient français ou indigènes, ont été martelés, auprès de l’emplacement duquel leurs descendants ne peuvent se rendre pour un hommage posthume, que chaque commune soit prise en parrainage par une commune de France. J’ai rêvé que les noms de ces martyrs figurent fraternellement, comme dans la boue des tranchées,