Les joutes avaient lieu au Camp des Spahis, vaste plaine de terre rouge, parfaitement dégagée de tout obstacle. Là s’affrontaient des dizaines d’esquifs aériens pendant les vacances. La bataille pour la conquête de l’azur était âpre car de l’ascension maximum dépendait la considération des copains qui traînaient là en spectateurs avisés. Ils sollicitaient le maintien du fil pendant quelques minutes pour juger de la stabilité de l’appareillage et lâchaient des avis définitifs: « Il n’a pas assez de queue, il ne tire pas bien. » Il ne restait plus qu’à rembobiner pour apporter les modifications souhaitables !
La « lune » regagnait enfin sa place dans le firmament et on pouvait lui faire parvenir des « télégrammes » Ces petits papiers, installés sur le rail du fil, grimpaient plus ou moins vite vers les nuages et témoignaient ainsi de la force des vents.
« Les pignols » ou noyaux d’abricots servaient de matière première au jeu de prédilection de l’été. Jalousement collectionnés dans de lourdes chaussettes usagées, ils permettaient de jouer au « petit tas » ou à « la maison Pichpinette » Le petit tas se composait d’une base de trois pignols surmontés d’un quatrième servant de cible.