priait chacun de le rejoindre. Ses gémissements qu’il ponctuait de grandes claques sur les cuisses, son ton geignard et suppliant, avaient attiré toutes sortes de badauds ; les commères sur le pas des portes avaient tu leurs bavardages ; les cartes abandonnées sur le coin des tables témoignaient de l’importance de l’événement ; un à un les curieux affluaient, les petits groupes de discussion soudain alertés, éclataient pour converger vers le lieu de toute cette animation. Et là, gisant dans une posture démantibulée, au milieu de la rue, le «carrico» ! De profondes empreintes avaient marqué le macadam permettant de deviner la terrible embardée, mais point de Jeannot ! Son acolyte assis sur le rebord du trottoir, les deux coudes appuyés sur les genoux, frottait de la paume des mains ses yeux en pleurs, s’abandonnait à sa douleur. Il fallut un instant de brève accalmie dans ce concert de lamentations pour que soudain des gémissements étouffés parviennent d’une des bouches des conduits d’écoulement qui passaient sous la route. A la suite de son long dérapage, notre Jeannot, éjecté de son engin, s’en était allé après une longue glissade s’engouffrer,