Michèle Garcia-Kilian : mon enfance au soleil, Sidi-bel-Abbès ou des vacances heureuses
Souvenirs de Sidi-bel-Abbes
Ses grands- parents paternels, eux aussi, abandonnèrent ‘’Hercal-Overa’’ et Roquetas de Mar’’, ces terres brûlées du sud de l’Andalousie qui les avaient fécondés, avec la même détermination farouche de se refaire une vie.
Au pied du piton rocheux de Salobreña, le bleu profond de la mer se mêlait aux blancheurs immaculées des maisons de marins et aux éclats d’émeraude que la Sierra Nevada déversait sur l’onde. Que de courage ne fallut-il pas aux grands-parents paternels de ma mère pour fuir ce site que la nature avait dessiné avec tant de virtuosité ! Mais hélas la beauté d’une terre n’implique pas toujours sa fécondité et le bonheur d’y vivre…l existe au cœur de la Sierra Nevada, une petite bourgade : ‘’Mecina Bombaron’’ qui a vu naitre ma grand-mère maternelle. Elle y vécut avec ses parents, en fille unique. Bien que possédant un peu de terre, leurs principales et maigres ressources quotidiennes furent quelques châtaignes et le lait de quelques chèvres. Le terrain ingrat, les parcelles minuscules et sans possibilité d’extension, et l’âpreté du climat ne leur facilitaient pas la vie. Un jour - Magdalena ma grand-mère avait quatre ou cinq ans - son père s’embarqua dans le port de Malaga pour l’Amérique. On disait qu’on y faisait fortune. Il reviendrait couvert d’or, et il pourrait enfin offrir aux siens une vie décente. Le sort ne le voulut pas ainsi : au bout d’un an, il y mourut de malaria.
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Les grands-parents maternels de mon père, laissèrent ‘’ Cabo de Gata’’, cette plage sauvage au du sud de l’Espagne balayée par le vent du large, qui dans un funèbre duo avec le soleil de feu, avait desséché leur pauvre terre Pourtant ce vent, dur et sans pitié, fut aussi celui du salut, car il leur chanta un jour les louanges de cette terre Française, de l’autre côté de la mer, qui pouvait offrir une échappatoire à la misère.
Paysans andalous, gravure de Gustave Doré