Michèle Garcia-Kilian : mon enfance au soleil, Sidi-bel-Abbès ou des vacances heureuses
Souvenirs de Sidi-bel-Abbes
De la terre ibérique au Maghreb il n’y a qu’un pas, et les rêves des malheureux espagnols qui luttaient contre l’ingratitude de leur terre, il y a cent cinquante ans, s’échappèrent au dessus de la Méditerranée. La misère s’enlisant, les rêves devinrent détermination : La France allait leur tendre la perche, l’Algérie serait leur planche de salut.
Et ils arrivèrent en nombre, sur des embarcations légères, ces fameuses ‘’balancelles’’ qui partaient des petits ports de la côte andalouse, et venaient déverser leur flot d’immigrants sur les quais du port d’Oran. C’est à Alméria que mes aïeux foulant pour la dernière fois le sol de leur péninsule, s’embarquèrent pour l’Afrique…
Tournez la page
Accueil / Index Ecritures / index thématique / page précédente / page suivante
Comme les membres de ma famille, beaucoup de bel-abbèsiens étaient de souche espagnole et devaient leur présence sur le sol d’Afrique au grand mouvement migratoire qui s’abattit sur les populations du sud de l’Espagne à l’époque où la France commençait à coloniser l’Afrique du Nord.
Vers le milieu du dix-neuvième siècle, l’Andalousie se traînait dans sa misère. L’économie et l’agriculture décadentes avaient donné naissance à un fourmillement de ‘’journaliers’’ travailleurs au jour le jour, besogneux mais fort peu payés et qui pour la plupart n’étaient que des saisonniers. La période des maigres tâches agricoles passée, comment nourrir sa famille ? Ceux qui avaient la chance de posséder quelque lopin de terre ne se trouvaient pas plus favorisés : plusieurs années de sécheresse consécutives avaient engendré sur ces terres ingrates une aridité tenace, les rendant infertiles et stériles.
Emigrants espagnols en 1893, source BN
Balancelle dans la rade de Mers-El-Kebir en 1901, document Alexandre Perlès