Sa femme fut un modèle de courage et de détermination. Son mari lui avait montré la voie, la seule possible pour accéder à une vie meilleure : celle du départ. Elle s’embarqua donc à son tour, avec son jeune frère et la petite Magdalena qui venait d’avoir six ans. La balancelle les déposa dans le port d’Oran. Le bout de son voyage fut la ville de Sidi-Bel-Abbès. Là, elle se refit une vie qu’elle partagea avec un autre émigré espagnol, donnant ainsi un nouveau père à sa fille.Ainsi, comme les maures, les arabes, ou les turcs, mes ascendants un beau jour, s’arrêtèrent sur cette terre du nord de l’Afrique. Armés d’espoir et de courage, ils se fixèrent là, au bord de l’oued Mékerra à Sidi-Bel-Abbès.
Sidi-Bel-Abbès ! Mot magique, contenant en lui l’image du vaillant légionnaire avançant bravement, sous son képi de lumière, face aux rais du soleil de feu. Telle est la vision que la Métropole française gardera de cette ville de garnison, dont l’exotisme et la rudesse du corps d’armée représenté aiguisait l’imagination des Français. Quelques images cinématographiques évocatrices de la grande époque de la Légion contribuèrent à faire vagabonder les esprits au seul mot de Sidi-Bel-Abbès. A l’heure actuelle, il est des hommes et des femmes pour lesquels le simple écho de ce mot fait résonner leur fibre profonde. Ce sont les anciens Bel-Abbèsiens, ceux qui sont nés là-bas, qui ont vécu là-bas, ou bien les anciens légionnaires qui y ont laissé une partie de leur vie.