Michèle Garcia-Kilian : mon enfance au soleil, Sidi-bel-Abbès ou des vacances heureuses
Souvenirs de Sidi-bel-Abbes
Pourtant, la légende islamique habille ce concept d’une toute autre image. C’est la figure sacrée d’un Marabout vénéré qui reçut un jour un message d’Allah : ‘’Va, et enseigne les tributs qui errent…’’ Pénétré par la parole du Divin, Sidi-Bel-Abbès lui obéit, et sa marche le mena dans la vallée de la Mékerra, où il apporta paix et travail. Mais un danger le menaçait car il avait enflammé la jalousie d’un faux prophète. Pour protéger son messager Allah intervint : il le fit conduire par les anges dans la forêt de Messer. A partir de cet instant la région connut les pires calamités, et les tributs supplièrent Allah de renvoyer le prophète. Mais Allah ne se laissa pas fléchir. Pourtant, malgré la protection divine, on découvrit quelques temps après, la retraite de Sidi-Bel-Abbès, et il fut à nouveau menacé. Alors Allah se manifesta encore Il le transforma en colombe, et la colombe s’évanouit dans les cieux Elle se posa un jour sur les hauteurs de la Mékerra et, sous les yeux émerveillés d’un jeune berger, reprit l’apparence humaine. Toutes les tributs vinrent le vénérer.
Depuis sa mort, il repose dans sa Kouba, à l’emplacement où la colombe s’était posée. Sur ce même site que les vieux arabes évoquent dans leur légende divine, au bord de l’oued Mékerra, prit naissance, la ville française qui fut baptisée du nom du Marabout.
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Sa femme fut un modèle de courage et de détermination. Son mari lui avait montré la voie, la seule possible pour accéder à une vie meilleure : celle du départ. Elle s’embarqua donc à son tour, avec son jeune frère et la petite Magdalena qui venait d’avoir six ans. La balancelle les déposa dans le port d’Oran. Le bout de son voyage fut la ville de Sidi-Bel-Abbès. Là, elle se refit une vie qu’elle partagea avec un autre émigré espagnol, donnant ainsi un nouveau père à sa fille.Ainsi, comme les maures, les arabes, ou les turcs, mes ascendants un beau jour, s’arrêtèrent sur cette terre du nord de l’Afrique. Armés d’espoir et de courage, ils se fixèrent là, au bord de l’oued Mékerra à Sidi-Bel-Abbès.
Sidi-Bel-Abbès ! Mot magique, contenant en lui l’image du vaillant légionnaire avançant bravement, sous son képi de lumière, face aux rais du soleil de feu. Telle est la vision que la Métropole française gardera de cette ville de garnison, dont l’exotisme et la rudesse du corps d’armée représenté aiguisait l’imagination des Français. Quelques images cinématographiques évocatrices de la grande époque de la Légion contribuèrent à faire vagabonder les esprits au seul mot de Sidi-Bel-Abbès. A l’heure actuelle, il est des hommes et des femmes pour lesquels le simple écho de ce mot fait résonner leur fibre profonde. Ce sont les anciens Bel-Abbèsiens, ceux qui sont nés là-bas, qui ont vécu là-bas, ou bien les anciens légionnaires qui y ont laissé une partie de leur vie.