La grand-mère maternelle de Michèle habitait au faubourg Thiers, rue Alfred de Musset, près de la marbrerie Passini. Sa grand-mère paternelle habitait rue du dépôt au Barrio Alto.
Je suis née à Sidi-Bel-Abbès, comme mon frère, mes parents et mes grands parents. De cette lignée proche, ma grand-mère maternelle fut la seule à n’y pas voir le jour.
C’est sur le souvenir de la cité chérie qui enfanta la presque totalité de ma famille, que la brèche de ma mémoire s’ouvre en premier lieu, dans la logique intuitive d’un attachement temporel né aux sources de la vie, et qui prend forme aujourd’hui à l’origine de mon temps, revêtant d’abord les images de cet espace premier qui m’accueillit sur la terre. Peut-être aussi que ces images qui s’imposent d’abord à mon cœur vibrant d’émotion, arrivent dans l’ordre où la baguette magique en quête du passé les toucha. Car mon voyage souvenir vingt huit ans après, la minutieuse recherche des lieux de mon enfance, débuta dans la ville de Sidi-Bel-Abbès, réveillant un à un les fantômes de l’autre vie, celle que l’histoire a cru enterrer et que l’émotion a ressuscitée. Pourtant ces visions bel-abbèsiennes du passé, en parcelles de bonheur épisodiques, images de vacances qui jalonnent la route de mon enfance, ne sont que complémentaires et viennent se greffer à celles de ma vie oranaise.