Michèle Garcia-Kilian : mon enfance au soleil, Sidi-bel-Abbès ou des vacances heureuses
Souvenirs de Sidi-bel-Abbes
La grand-mère maternelle de Michèle habitait au faubourg Thiers, rue Alfred de Musset, près de la marbrerie Passini. Sa grand-mère paternelle habitait rue du dépôt au Barrio Alto.
Car c’est à Oran qui pendant quinze ans, quotidiennement, naturellement, dans l’ombre profonde de sa lumière crue, à la manière d’un laborieux écrivain graveur de tablettes impérissables, inscrivit dans mon être ce merveilleux bonheur que je porte encore comme une perle engloutie dans l’océan de mon cœur.
Ma mère s’appelle Marinette et mon père Dominique, Un jour du mois de juin 1938, un coup de foudre extraordinaire retentit dans le cial lumineux de leur ville. La flèche de Cupidon étincela soudain sous les rais du soleil, dérobant au passage à l’astre de feu une chaleur intense qui devait nourrir une passion peu commune. Au seuil de l’été 1942, leur union vint concrétiser les jeux coquins du jeune archer. Main dans la main, répondant aux exigences de la vie professionnelles de Dominique, le jeune couple quitta la ville, d’abord pour Mascara où il vécut pendant cinq années, puis pour Oran qui leur offrit un décor de rêve pour abriter leur amour grandissant. Mais jamais ils ne devaient oublier cette ville de feu et de passions qui les avait vus naître et qui avait vu éclore leur amour. Par reconnaissance, ils en firent le berceau de leurs enfants. Claude, mon frère y naquit en 1943, et moi-même en 1947. Par reconnaissance, par amour, par attachement à la grande famille qui était restée fidèle à la ville, mes parents revinrent toujours aux sources, et chaque vacance nous projetait dans l’atmosphère bel-abbèsienne.
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Je suis née à Sidi-Bel-Abbès, comme mon frère, mes parents et mes grands parents. De cette lignée proche, ma grand-mère maternelle fut la seule à n’y pas voir le jour.
C’est sur le souvenir de la cité chérie qui enfanta la presque totalité de ma famille, que la brèche de ma mémoire s’ouvre en premier lieu, dans la logique intuitive d’un attachement temporel né aux sources de la vie, et qui prend forme aujourd’hui à l’origine de mon temps, revêtant d’abord les images de cet espace premier qui m’accueillit sur la terre. Peut-être aussi que ces images qui s’imposent d’abord à mon cœur vibrant d’émotion, arrivent dans l’ordre où la baguette magique en quête du passé les toucha. Car mon voyage souvenir vingt huit ans après, la minutieuse recherche des lieux de mon enfance, débuta dans la ville de Sidi-Bel-Abbès, réveillant un à un les fantômes de l’autre vie, celle que l’histoire a cru enterrer et que l’émotion a ressuscitée. Pourtant ces visions bel-abbèsiennes du passé, en parcelles de bonheur épisodiques, images de vacances qui jalonnent la route de mon enfance, ne sont que complémentaires et viennent se greffer à celles de ma vie oranaise.