4ème partie: Un camp de prisonniers
Le stalag I B est un camp de prisonniers en transit; suivant la demande nous serons dirigés vers les mines, les fermes ou les usines, pour du travail obligatoire bien sûr. Situé en pleine campagne, il est entouré de barbelés et surveillé par des miradors. Dès que je le peux, le 1er juillet 1940, j'écris un mot sur une carte de la Croix-Rouge Internationale pour seulement dire à ma famille que je vais bien. C'est une très bonne idée car cette carte va arriver chez moi quelques jours avant que les autorités ne fassent connaître aux miens que j'étais porté disparu. Ma carte a ainsi évité un drame en rassurant mes proches. A notre arrivée au camp, désinfection complète ( nous étions remplis de vermine ), crâne rasé et photo avec n° d'immatriculation ( pour moi F2551 ); on nous peint un KG sur la capote. On nous demande aussi notre état civil, notre Régiment et notre lieu de reddition.
Ensuite nous sommes dirigés vers les baraquements. Chaque baraque contenait au début environ 100 prisonniers. Nous dormions à 60 cm du sol sur un plancher qui nous servait de lit; ni matelas ni couvertures. Nous couchions tout habillés, nous avions ainsi moins froid et ça allait plus vite le matin. Jour après jour arrivaient d'autres prisonniers et nous nous entassions comme nous pouvions dans ces baraques. Réveillés vers 5 h, nous avions 5 minutes pour la toilette; la plupart du temps il fallait s'en passer vu le monde. Rassemblement en ordre et en silence; surtout ne pas être en retard car cela coûtait des coups de crosse de fusil. Ensuite nous partions au pas de course vers les cuisines où on nous servait un semblant de café ( jus d'orge grillé ou pire ), une tranche de pain noir et 4 ou 5 pommes de terre cuites; c'était la collation pour la journée. Le soir nous avions une louche de soupe dont je ne puis vous donner la composition.