3ème partie: Prisonnier de guerre

Le 16 mai 1940, prisonnier et désarmé, je me retrouve en colonne sur les routes avec des milliers d'autres soldats français. Les allemands nous donnent l'ordre de nous diriger vers le Nord, sans nourriture. Celui qui ne pouvait pas suivre la colonne était sommé de se reposer un instant sur le bord de la route; lorsque la colonne avait avancé de quelques centaines de mètres, nous entendions un coup de feu, c'était fini pour le malheureux. Parfois, les soldats allemands se faisaient photographier près d'un cadavre qu'ils avaient assis contre un arbre; cela me remuait le coeur.
Les années de guerre de Raymond Galipienso
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Souvenirs de Sidi-bel-Abbes
Juin 1940: après des jours de marche, nous arrivons à la frontière luxembourgeoise. Tous les jours des trains partent complets vers des destinations inconnues. Avant que notre tour arrive nous apprenons par les allemands que la guerre est finie. Nous sommes le 22 juin 1940. Pour éviter l'occupation de tout le pays par l'ennemi, le maréchal Pétain a en effet signé l'armistice avec l'Allemagne; la France est coupée en deux par une ligne de démarcation. Au nord la zone occupée par l'armée allemande et au sud la zone dite libre où va sévir la police de Vichy. Un court instant nous avons cru être bientôt libérés et renvoyés dans nos foyers. Hélas! Fin juin1940, nous voilà embarqués vers notre destinée. Départ du Luxembourg en train de marchandises, entassés comme des sardines dans les wagons. Nous traversons l'Allemagne par Berlin, puis la Pologne par Varsovie et le couloir de Dantzig. Une fois par jour le train s'arrêtait en rase campagne pour nous permettre de faire nos besoins et recevoir une maigre pitance. Après quelques jours de cet enfer, nous arrivons à Olsztyn ( ou Hohenstein en allemand ), petite ville du nord-est de la Pologne située tout près de la frontière Russe, en Prusse orientale.