Après avoir envahi la Pologne, l'Allemagne attaque le Danemark et la Norvège et, le 10 mai 1940, les troupes allemandes envahissent la Belgique. La guerre se rapproche: les divisions de blindés allemandes, les attaques aériennes, les parachutistes, Hitler met tout en oeuvre pour vaincre. Avec ces moyens importants, l'armée allemande détruit tout sur son passage. Quel carnage! Dans tous les coins des Ardennes se déroulent des combats acharnés. Mais nos troupes sont vite débordées, écrasées. Mon Régiment tente une percée vers le Luxembourg dans le but d'arrêter la horde sauvage qui déferle sur la France. J'assurais en moto, à la tête du convoi, la liaison entre mon capitaine et le colonel du Régiment. En arrivant dans un petit village du Luxembourg, à Esch-sur-Alzette, ma moto tomba en panne.
Les années de guerre de Raymond Galipienso
Souvenirs de Sidi-bel-Abbes
Ce village avait été déserté par sa population qui avait fui vers la France. Pendant que je réparais, un camarade me remplaça aussitôt avec sa moto. Il n'a pas eu de chance, à l'entrée du village un tireur embusqué dans une maison l'a abattu. La maison a été aussitôt détruite. Mon jeune camarade venait juste de se marier. Ensuite, impuissant face aux panzers appuyés par l'aviation allemande, mon Régiment reçoit l'ordre de se replier sur St Quentin. C'est à Dizi-le-Gros, près de St Quentin, que nous sommes encerclés et bombardés. Tout le matériel fut détruit et de nombreux camarades sont morts là. Cela mitraillait de partout. Je ne dois la vie qu'au fait d'avoir plongé derrière une croix de granit comme on en rencontre parfois aux croisées des chemins. Je tenais fortement serrée sur mon coeur une photo de ma bien-aimée, photo que je réussis à garder sur moi jusqu'à la fin de la guerre.