Rosalie faisait pousser ces fleurs, chaque année. Elle surveillait attentivement leur croissance ; elle fabriquait des tuteurs à l'aide de roseaux qui allaient les guider vers un maintien altier.
Et à chaque Toussaint le prodige se réalisait : le jardin s'illuminait de ces grosses boules blanches, violettes, jaunes ou rousses, aussi grosses qu'une tête d'homme.
Nous pressentions déjà le sentiment de fierté si légitime que Rosalie éprouverait en garnissant notre Perpète, cette fierté qui rejaillirait sur nous tous qui vivions sous son aile.
Mais avant cette récompense ultime, que de suées !
La fièvre nous prenait deux jours avant la Toussaint. Louis, magnanime, prenait le magasin familial en mains pour la journée ; le sacrifice était grand puisque sa sieste était compromise !