On y trouvait des treilles aux grappes dorées de raisin muscat, des prunes jaunes ou vertes, bien charnues, des figues au goût de miel et d'aube fraîche, des nèfles ventrues, des abricots rougissants... Les légumes abondaient aussi comme des tomates fermes et rebondies, des poivrons qui ne demandaient qu'à être farcis ou préparés en "frita", des petits oignons tendres, du laurier à en couvrir un César, de la menthe fraîche parfumant les abords du ruisseau et tous les thés de la grande Afrique.

Il y avait aussi d'autres merveilleuses couleurs et senteurs : des géraniums, des bégonias qui éclairaient façades et fenêtres, du chèvrefeuille odorant au pied duquel des iris se regroupaient, des roses-pompon et des églantines qui tapissaient tous les murs de clotûre, des lilas qui mêlaient le blanc et le mauve dans le même parfum, des roseaux souples et indépendants qui formaient un rideau mouvant au fond du jardin ; enfin, d'indiscrètes belle-de-nuit qui gardaient jalousement les mots d'amour murmurés sur le perron, sous les étoiles de Cupidon. Que de tableaux immortalisés au fond de cette mémoire d'enfant qui me réconcilient si souvent avec la vie !... Parmi ces images figure celle des chrysanthèmes.
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Claire Ecsedy : les Chrysanthèmes 1/5
extrait de son livre : la fille du légionnaire
Souvenirs de Sidi-bel-Abbes
Rosalie avait de nombreuses qualités, un coeur et aussi "la main verte". Le jardin regorgeait donc de "trésors"... pour les papilles gustatives, les miennes en frémissent encore !