Le Tour de France :
Les glacis Sud étaient traversés sur leur longueur par un canal d’irrigation d’un mètre de large bordé d’une triple rangée de platanes, parallèle au boulevard Bir Hakem. Ce canal est resté lié dans ma mémoire aux reportages sportifs du Tour de France qui étaient passionnément écoutés dans tous les cafés de la ville. Les gars de « la bande de la rue Mogador » avaient coutume, après l’arrivée de chaque étape, de jouer au Tour de France en suivant au fil de l’eau la course d’étiquettes de bois qu’ils avaient mises à l’eau environ à 200 mètres en amont du canal, et sur lesquelles ils avaient inscrit au stylo en lettres d’imprimerie, le nom de leur coureur préféré . C’était un vrai spectacle de voir tous ces gamins marchant lentement le long du canal, les uns jouant aux journalistes en commentant le déroulement de la course comme à la radio, avec les mêmes expressions que Charlie FINALTERI, George BRIQUET ou Robert CHAPATTE, en parlant du nez dans leur poing refermé en guise de microphone, les autres faisant le public, encourageant leur coureur favori ou lui hurlant des insultes chaque fois que leur bûchette, retenue par les herbes des bords, prenait du retard sur ses concurrentes .