Robert Bounneau : Présence de l'armée dans mes souvenirs d'enfant , 5/5

Souvenirs de Sidi-bel-Abbes

Le 11 Novembre aux Monuments aux Morts :

Chaque année, tous les enfants des écoles assistaient à la cérémonie du Monuments aux Morts ainsi qu’au défilé qui la clôturait.On se régalait toujours de voir défiler les soldats professionnels. En tête, venaient les Tirailleurs Algériens en tenue d’apparat, chéchia rouge et turban blanc, « sarouel » et gilet bleu ciel, large ceinture de flanelle rouge, toujours précédés de leur bélier mascotte et de leur musique militaire, la « nouba », où les timbales semi sphériques remplaçaient les tambours cylindriques et les « raïtas », des sortes de hauts bois nasillards, qui sonnaient un peu comme des bombardes bretonnes, tenaient lieu de clairons. Après eux venaient les « rappelés » du contingent métropolitain qui ne marchaient pas tous au pas, ce qui ne faisait pas très sérieux pour "nous autres", habitués aux parades impeccables de la Légion, mais qui étaient quand même très applaudis par la population qui les remerciait ainsi « d’être venus  défendre l’Algérie »
.Le défilé se terminait généralement par la Légion, suivie par la masse compacte des anciens combattants toutes médailles dehors, européens, puis musulmans en gandourah de cérémonie.
Comme les couleurs du drapeau tricolore des anciens combattants musulmans étaient plutôt passées, j’ai cru un temps, avant que mon père ne me détrompe, que le gris, le blanc et le rose étaient leurs vraies couleurs!

Un peu plus tard, lorsqu'est venu le temps de me poser des "questions existentielles", comme tout adolescent qui commence à porter un jugement critique sur ce qu'il voit, je me suis étonné de la présence, parmi les personnalités qui applaudissaient les militaires, de deux curés métropolitains que je voyais régulièrement à la messe de 10h à l'église St Vincent.
Pour moi qui à cet âge prenait les choses au pied de la lettre, leur présence dans un défilé militaire ne cadrait pas avec le contenu de leurs sermons du dimanche.En réponse, ma mère en bonne institutrice patriote et sure de ses valeurs, me répondit avec son vocabulaire laïc et sans nuances excessives, qu'il n'y avait rien là que de très normal car "le sabre a toujours fait bon ménage avec le goupillon lorsque le sort de la nation est en jeu ! ». Revenir à la première page

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Monument aux morts de Sidi-bel-Abbès et boulevard de Verdun où défilaient les soldats