Souvenirs de Sidi-bel-Abbes
André Amadeuf : les pétards, page 2/5
Il rapporta un jour une poudre sans fumée très puissante qui servait de relais à la propulsion des obus de mortier. (Le mortier n’a pas le même système de visée que les fusils ou canons, de plus il tire en cloche. Si l’on veut allonger le tir des obus outre le changement d’inclinaison du tube il faut ajouter un ou plusieurs relais de poudre). Avec le père de Jean-Marie ils confectionnèrent prudemment cinq ou six cartouches en commençant par un dosage très faible pour la première et en augmentant progressivement la dose de poudre pour les suivantes ! Rester à les tester ! Il fallait une cible ! C’était urgent, ils devaient chasser le lendemain !
Monsieur Bessière n’hésita pas, en l’absence de son épouse il vida le contenu du tiroir de leur table de cuisine !
Les deux compères munis de quelques pages de l’Echo d’Oran destinées à être collées sur le tiroir à chaque essai descendirent tranquillement du Faubourg Thiers jusqu’au petit chemin qui longeait la Mékerra derrière la propriété Establier. Quelques tirs après ils avaient trouvé le bon dosage, ils étaient satisfaits, cependant la fête fut un peu gâchée lorsque madame Bessière découvrit dans quel état était revenu le tiroir dans lequel elle rangeait ses couverts … ! Mais revenons à nos pétards car les essais que je viens d’évoquer remontaient à plusieurs années !.
Un copain du Collège me transmit la composition et le bon dosage du soufre et du chlorate qui devait se situer dans une proportion de un tiers deux tiers. Fallait-il plus de soufre que de chlorate ou inversement, je ne m’en souviens plus du tout !
Bien décidé à faire comme les autres, je fis part de mes projets à mes parents afin d’obtenir quelques deniers nécessaires à l’achat des ingrédients.
Si la réponse de ma mère fut négative en raison du danger que pouvait présenter une telle initiative, mon père qui était curieux de tout voulut bien accéder à mes désirs.
Je m’empressai d’aller acheter les matières premières chez l’un des deux droguistes les plus proches de notre domicile. (Nous habitions Boulevard du Général Rollet)