André Amadeuf :
un professeur opprimé et malchanceux, page 3/7
Souvenirs de Sidi-bel-Abbes
L'affaire se renouvelant la semaine suivante Mr Michel vint en personne nous récupérer avec insistance à la grande confusion de M. M.......... qui les semaines suivantes nous fit sortir à l'heure cours terminé ou pas !
Au fil des jours tout le Collège étant au courant de nos agissement, la vie de M. M........devint un enfer, il était provoqué, humilié par toutes les classes, même par les petits élèves de sixièm !
Un lundi M. M........ qui avait dû enfin recevoir un salaire arriva pour nous faire cours, il était transfiguré, habillé de neuf de la tête aux pieds ! Ah les pieds ! Ils étaient chaussés de chaussures neuves à épaisses semelles de caoutchouc crêpe translucide.
Les semelles intriguèrent tellement l'un des élèves assis au pied de l'estrade (un dénommé Pa..... appelé Coco par les copains ) qu'il eut l'idée saugrenue de vouloir les toucher et les pincer pour s'assurer de leur structure et consistance !
Cependant il hésitait, il allongea le bras, se souleva légèrement du banc, avança un doigt, le retira, recommença. Tous les yeux des premiers rangs puis de la classe entière suivaient la gestuelle de Coco ; quelques encouragements fusèrent ainsi que des quolibets dans le genre : "T'es pas un homme si..."
Coco se décida ! (par la suite certains prétendirent que Coco avait tiré les poils de la jambe de Mr M........ étant témoins privilégié, j'affirme que ce n'était qu'une affabulation !) Le prof qui était assis fit un bon sur sa chaise qui bascula en arrière, se pencha en avant alors que le coupable n'avait pas eu encore le temps de se rasseoir correctement ! Monsieur Pujol surveillant général fût appelé. Pa..... traduit en conseil de discipline hérita de huit jours d'exclusion et par là même gagna notre grande considération ! Un jour je pus enfin me déplacer vers le milieu de la classe dans un endroit où mes mauvais instincts pouvaient mieux s'épanouir ! Je me retrouvais à côté de Emmanuel Am.... un excellent copain du Faubourg Thiers (décédé par la suite malheureusement lors d'un accident de la circulation vers 1958-60). Nous nous cotisâmes tous deux pour acheter quelques boules puantes qui nous servirent un dimanche en fin d'après midi à animer joyeusement le "Boulevard"entre la place Carnot et l'église. Il en restait une ! Le lendemain, dès l'entrée du cours d'instruction civique elle fut présentée ostensiblement à la classe. Aussitôt une agitation larvée se répandit parmi les copains ! Tous voulaient la toucher, plusieurs se proposèrent pour l'éclater.