André Amadeuf :
un professeur opprimé et malchanceux, page 2/7
Souvenirs de Sidi-bel-Abbes
Aussitôt la voix claire et forte d'un de nos condisciples éructa M. Moutchou prononcer rapidement : (Moutechou) Du nom de ces petits gamins, commis épiciers qui dans l'Algérois foisonnaient dans les épiceries tenues par des habitants du Sahara qui venaient de la région du M'zab pour faire fortune dans le Nord. Un énorme éclat de rire submergea les élèves "Moutchou" il était "Moutchou" il le resterait pendant les deux ans qui suivirent ! Etant l'un des derniers à entrer en classe, je n'avais pu que trouver une place au premier rang ! Cela me contrariait car en général, je préférais les places du fond qui me permettaient mieux d'exercer mes talents en tous genres d'élève dissipé, perturbateur et quelquefois tricheur ! Un calme précaire s'étant établi, le premier cours se déroula presque normalement après les formalités d'usage. Quand je dis "normalement", c'est un doux euphémisme car ce qui suit se reproduisit presque à tous les cours de l'année, il fut interrompu plusieurs fois par des expressions grossières proférées en langues locales ! Il essayait bien de comprendre mais...
exemple : grossièreté prononcée par un élève "piro molo"! (zizi mou,celle-là est peut-être la moins grossière parmi le riche vocabulaire que nous possédions !)
Le prof : -Vous dites ?
L'élève - M'sieur vous dictez trop vite ! ou bien -M'sieur j'ai pas compris !
D'où des crises peu communes d'hilarité collective ! A la sonnerie le professeur nous libéra et nous filâmes comme des flèches pour nous mettre en tenu de sport sous le préau. Mr Michel le prof d'E.P.S. ne nous laissait rien passer et si par malheur nous étions lents à nous préparer nous avions droit à une séance de plateau qui laissaient nos muscles endoloris !
Rien de particulier ne se passa dans les semaines qui suivirent, la routine quoi ! Des interruptions incessantes troublaient les cours que tous les élèves suivaient avec plus ou moins d'ardeur d'autant plus que nous avions appris que les notes obtenues ne seraient pas prises en compte pour le classement et le passage dans la classe supérieure !
Les cours étant sans cesse perturbés, la leçon du jour n'était jamais terminée. Un après-midi M. M......... décida de nous garder pour la parachever ! Mr Michel nous appliqua la punition habituelle pour retard : une heure de plateau ! Notre contestation fut virulente, nous n'y étions pour rien ....,c'était la faute de M. M.......... et pas la nôtre !