Il ne se contenta pas de nous inculquer la ''mécanique'' de la langue française, il nous en fit comprendre les subtilités, la beauté, la poésie, la rigueur, sa précision, nous encouragea à lire, nous fit écouter des extraits de pièces de théâtre jouées à la Comédie française, ce fut pour nous une révélation grâce au modernisme. Les grands auteurs français n'eurent plus de secret pour nous. Les récitations n'eurent plus rien des récits monotones que nous avions l'habitude de pratiquer, nous étions devenus des acteurs et déclamions à qui mieux mieux. Les alexandrins, les quatrains, les sonnets, la rime, les acrostiches, les hémistiches, les césures n'avaient plus de secrets pour nous. En fonction des sujets de rédaction qu'il nous proposait, il fallait quelquefois rédiger le devoir en essayant d'imiter l'auteur que nous étudions cette semaine là. Imiter Molière, Bossuet ou Madame de Sévigné n'était pas chose facile, mais cela nous permit de progresser nous donna l'envie de lire et provoqua chez nous le déclic dont nous avions besoin.

Il ne manqua pas de nous faire mettre l'accent sur le progrès social engendré par nos grands philosophes : Montesquieu, Rousseau, Voltaire. Les révolutions qui s'en suivirent, Monsieur Lesaffre étant aussi par ailleurs notre Professeur d'Histoire. A partir d'autres écrivains comme Victor Hugo, Emile Zola, il nous inculqua les grandes notions de démocratie et de toutes les justices. L'enthousiasme, la concsience du travail bien fait, la fermeté, le sérieux, mais aussi la gentillesse et l'humanité de notre professeur avaient déteint sur nous, conscients des progrès qu'il nous avait fait faire nous nous mîmes à l'admirer, à le respecter et à le remercier en donnant le meilleur de nous-mêmes. Nous eûmes l'occasion de le montrer au grand jour lors de la visite d'un Inspecteur de français qui vint inspecter notre enseignant alors que nous avions un cours de lecture expliquée. Les questions sur le texte fusèrent, les pourquoi, les comment, les circonstances, les antécédents du texte, la vie de l'auteur, le but recherché, tout y passa. Nous nous battions pour bien répondre.