Manuel Rodriguez : réflexions sur le faubourg Négrier, l'école Victor Hugo, la scolarité des enfants ! 8/9
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Souvenirs de Sidi-bel-Abbes
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D’aucuns se sentaient même revalorisés par leur maître, dès lors qu’ils étaient chargés d’assurer la corvée de bois, d’allumer le poêle chaque matin en hiver, de remplir les encriers des camarades, d’être autorisés à ouvrir l’armoire pour y récupérer les bâtons de craie blanche et rouge, nécessaires au démarrage du cours, pour les déposer délicatement dans la petite boîte fixée à cet effet au bas du tableau.
A de rares exceptions, en ces années-là, ce diplôme obtenu à l’âge de 14 ans sonna dans le faubourg l’heure de l’arrêt des études, pour bon nombre de ces adolescents. Si le taux de réussite dépassait allègrement les 80 ou 90 %, il y en eut tout de même qui ne furent même pas présentés à l’examen ; ils quittèrent l’école, bredouilles en quelque sorte. Le moment de l’entrée dans la vie active, ardemment attendu dans certaines familles, précipitait un grand nombre de ces jeunes diplômés, ou pas, en apprentissage chez un patron .D’autres entraient, par la petite porte, dans la « boîte » qui employait leur père. Certains même devenaient apprentis du papa artisan. C’était du sauve - qui- peut. Un petit groupe, assez restreint, parvenait donc à suivre une scolarité normale et à mener à bien les études secondaires. |
D’ailleurs, en cette fin des années 40, les bacheliers dans le faubourg se comptaient sur les doigts d’une main. Les parents ambitieux les montraient du doigt et ne cessaient de les citer en exemple à leur progéniture. « Ils avaient réussi! Voilà l’exemple à suivre ! » leur disaient-ils.
Les choses allèrent en s’améliorant à partir de la deuxième moitié des années 50 et ce fameux diplôme de fin d’études secondaires, le baccalauréat, première et deuxième partie à l’époque, ne fut plus alors une « denrée » rare. Au Collège Moderne, en 54-55, il n’y avait encore que deux élèves du faubourg en classe de 1ère et également deux en 55-56. Et puis après ? Les facultés d’Alger à quelque 450 kilomètres de là, des parents qui estimaient en avoir assez fait, pour la plupart de ces heureux lauréats ce bac était donc le but à atteindre, le bâton de maréchal ; le sésame qui permettait de passer le concours d’entrée à l’Ecole Normale d’instituteurs ou les concours administratifs d’accès aux Services des Impôts, du Trésor, de la Poste etc. Nous en étions tous très fiers. Tournez la page |