Un des joueurs de derboukha la suit pas à pas. De temps à autre, un Arabe se lève et colle sur le front de la danseuse un billet de banque. Elle rit, le fait glisser entre ses seins et continue sa course échevelée. D'autres femmes viennent à ses côtés. Leurs pieds nus martèlent le sol. Elles jettent des « you... you... » qui vrillent les tympans. Les lampes éclairent la scène, la renforcent, la tracent à l'encre de Chine. Un parfum moite s'élève de tous ces corps. Parfum qui vous emplit de honte et de plaisir... Puis, les amazones s'alanguissent... Gorges offertes, seins tendus, mains qui claquent... elles
pivotent sur elles-mêmes... On se sent hors de soi, grisé, emporté très loin. On voudrait se jeter dans le tas, mordre, griffer, étreindre tous ces corps...
Leur tournoiement s'amplifie. C'est à la fois horrible et merveilleux. On se demande comment, avec des moyens aussi simples, on obtient une telle force de suggestion collective. On a l'impression d'être jeté au milieu d'une bande de fanatiques qui se livrent à quelque sabbat...