Souvenirs de Sidi-bel-Abbès
Extraits de la Vie parisienne 1936, AMOURS de LEGIONNAIRES 10/18 par Michèle de Nicole

Cette joue satinée contre la sienne... comme elle lui manque ! Mais ici, les femmes si précieuses et si rares, ça se partage...Quand elle revient, d'un pas léger d'oiseau, il est sans rancune et rien ne diminue sa joie de la revoir. Des couples dansent, collés l'un à l'autre. Le haut-parleur, après un tango, égrène une mélodie de Lucienne Boyer : « J'ai laissé mon cœur au pays lointain... » Où sont restés tous ces coeurs ? Beaucoup des femmes sont Espagnoles, mais la majorité est Française. Il y a aussi des Arabes, toutes jeunes, fraîches et quelques haratines qui ont du sang soudanais dans les veines. Mais celles-ci, d'habitude, fréquentent les maisons meublées. Maisons meublées ! Plaisir des pauvres...Une chambre minuscule, un tapis par terre.

Un homme entre, qui s'étend. Une femme — qu'il ne voit qu'à la clarté lunaire — vient le rejoindre. Elle se glisse à son flanc, docile à son caprice...Il n'en coûte qu'un franc ! Ici, c'est plus cher. A toute minute, des couples montent. Un escalier qui tourne. Des chambres qui s'ouvrent sur un balcon. Chambres toutes pareilles, meublées simplement, lits de fer à couverture bleue, murs passés à la chaux.Décor parfait qui ne retient pas les yeux. Décor d 'où l'on peut partir à l'assaut des rêves et des réalités plus magnifiques, plus immédiates : un corps de femme, chaud, doux, mystérieux odorant, qu'on caresse et qui s'abandonne.
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