Deux hommes jouent, à pile ou face, leur fortune commune et leur bonheur immédiat. Le perdant dit à celui qui entre chez une des femmes : — Tu me raconteras, dis ?
Un légionnaire ivre a déroulé sa ceinture et la fait glisser comme un serpent charmé par le sifflement qu'il module. — Regardez, approchez, crie-t-il...
Des rires lui répondent. Si l'on tourne le coin de la rue, on voit des Arabes, dans leurs échoppes, qui boivent du thé en silence. Le Hammam, où dans l'atmosphère surchauffée, des hommes détendent leurs membres las, dresse sa masse. Le minaret carré, qu'une touffe de térébinthe a envahi, s'isole vers le ciel. Les maisons « chic » ont les mêmes noms que partout. Il y a la Lune, le Soleil, le Palmier, chez Aline, le Panier Fleuri...On pourrait se croire dans n'importe quel quartier chaud, mais il est plus chaud, plus avide, plus brutal, plus réel. C'est partout, ou presque, le même spectacle. A l'entrée, une vieille arabe, retirée des affaires, les pieds nus sur une chaufferette, distribue des tickets d'entrée. Il en coûte un franc pour pénétrer là, près des femmes qui dansent, qui aiment et qui consolent.