Souvenirs de Sidi-bel-Abbès
Extraits de la Vie parisienne 1936, AMOURS de LEGIONNAIRES 3/18 par Michèle de Nicole
Ceux qui avaient peur d'eux-même... Ceux qui avaient peur de l'existence... D'autres qui avaient trop aimé, trop souffert, trop attendu... Ils ne sont pas venus seuls. A côté de l'armée réelle, il y a l'armée tendre des femmes qu'ils ont aimées. Elles les suivent pas à pas, s'interposant entre eux et la vie brutale...Armée hallucinante...
Ce sont des filles de toutes les races, de toutes les classes, blondes aux yeux pâles, brunes ardentes, rousses à la chair laiteuse, toutes belles, désirées pareillement. Le soir, dans la chaleur épaisse des dortoirs, à l'heure dangereuse qui précède le sommeil, elles sont égales dans leur nudité affolante, avec leur nuque fragile, leur bouche juteuse, leurs seins tendus et leurs hanches aux courbes troublantes...Elles sont là... en rêve. Et moi, je suis l'une d'elles, j'ai rejoint aujourd'hui le fantôme que mon amant pressait en vain contre sa poitrine brûlante...

3. - LE RESTAURANT ALLEMAND

Tout de suite, dès le seuil, j'ai l'impression d'être arrivée au port... L'atmosphère est chaude, intime. Il n 'y a là que des hommes et ma présence semble les étonner.

Le restaurant comprend deux pièces tendues de papier rouge où des fleurs déjà fanées tentent de vivre encore. Aux murs, des chromos naïfs aux coloris délavés. A la place d'honneur, la photographie du grand chef de la Légion : le Général Rollet. Figure populaire, pleine d'humanité : front large, barbe argentée, nez puissant, regard clair, pétillant de malice, bouche au dessin grave qui dit l'indulgence, le rêve et l'exaltation. tournez la page

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