Ceux qui avaient peur d'eux-même... Ceux qui avaient peur de l'existence... D'autres qui avaient trop aimé, trop souffert, trop attendu... Ils ne sont pas venus seuls. A côté de l'armée réelle, il y a l'armée tendre des femmes qu'ils ont aimées. Elles les suivent pas à pas, s'interposant entre eux et la vie brutale...Armée hallucinante...
Ce sont des filles de toutes les races, de toutes les classes, blondes aux yeux pâles, brunes ardentes, rousses à la chair laiteuse, toutes belles, désirées pareillement. Le soir, dans la chaleur épaisse des dortoirs, à l'heure dangereuse qui précède le sommeil, elles sont égales dans leur nudité affolante, avec leur nuque fragile, leur bouche juteuse, leurs seins tendus et leurs hanches aux courbes troublantes...Elles sont là... en rêve. Et moi, je suis l'une d'elles, j'ai rejoint aujourd'hui le fantôme que mon amant pressait en vain contre sa poitrine brûlante...
3. - LE RESTAURANT ALLEMAND
Tout de suite, dès le seuil, j'ai l'impression d'être arrivée au port... L'atmosphère est chaude, intime. Il n 'y a là que des hommes et ma présence
semble les étonner.