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Adieu à Bel Abbès 12/13 par Georges Blond
(extrait du n° special d'Historia consacré au 150ème anniversaire de la Légion étrangère)
Quand l'arrivée des ex-légionnaires a été annoncée à Aulnay, une délégation de femmes a demandé à être reçue par le directeur de l'usine :
-Nous n'osons déjà plus sortir le soir à cause des Arabes. Avec les légionnaires, ce sera complet !
Dès leur arrivée, les ogres de Bel Abbès ont commencé à édifier de leurs mains, dans la cour de l'usine, des baraquements rigoureusements alignés, chambre à quatre lits, planches à paquetage, buanderie, salle de repassage, terrains de jeux et de gymnastique, bref la caserne, il ne manquait que les couloirs sur le sol et le salut quatre cents fois par jour.
Quelques semaines plus tard, bien des femmes d'Aulnay trouvaient que c'étaeint les ex-légionnaires qui ne sortaient pas assez. <<Ils sont très propres, très polis.>> Jeunes aussi et bien balancés. Sobres, peut-être parce que devenus économes. Vous ne repartez pas d'un bon pied dans le civil si vous êtes mal vêtu.[/align]
*Ideal Standard, la crise du pétrôle provoqua sa fermeture en 1975.
"Une croix sur le passé", disent certains. Mais tous clouaient aux murs de leurs chambres des photos de fatmas, de palmiers et de chameaux, la photo de l'équipe de foot du bataillon, la photo de la distribution des cadeaux de Noël à Diên Biên Phu, la photo de fès sous la neige, la photo des copains du 2ème B.E.P. et de ceux du G.P.L.E.M., la photo du fellagah .
Palmeraie à Colomb-Béchar
déguisé en femme, la photo d'une mignonne congaï laissée enceinte au milieu des "Viets", aux mains des Viets.
En juillet 62, après l'octroi de l'indépendance, il y avait eu le "défilé de la victoire F.L.N.". Ce jour-là, on avait fermé les grilles du quartier Viénot, la sentinelle se tenait à l'intérieur, tout le monde au travail ou au maniement d'armes. Pendant des heures étaient passées et repassées devant les grilles toutes les troupes que leF.L.N. avait pu ramener dans les environs d'Oran. Le F.L.N. espérait que les légionnaires se presseraient aux grilles pour assister à cette "démonstration de force". Devant la Légion, troupe d'élite, il voulait montrer une armée à la hauteur, effacer enfin ce mot de "rebelles", faire reconnaître son armée comme une armée de soldats. Pas un légionnaire n'avait jeté un regard au-dessus de la grille.