Très beau récit de la"matanza", le sacrifice du cochon de François.
Durant quelques années nous élevions aussi un cochon et donc chaque année, en fin d'automne je pense , c'était le branle-bas de combat dans le patio.
Ma mère , très sensible, se réfugiait dans la pièce de la maison la plus éloignée de la cour . Elle ne supportait pas les hurlements de la bête. D'autant plus que nous l'avions nourrie durant toute une année et que nous la connaissions bien.
Pour tuer le cochon , le débiter et préparer toute sorte de cochonaille, mon grand-père faisait venir un Monsieur et son fils qui habitaient la route d'Oran. J'ai oublié leur nom.
Ils en avaient pour 48 h pour tout faire.Ils étaient très bien outillés.
Je me souviens que le jour du sacrifice,toute la proche famille accourait et le même jour, à midi ,nous mangions une "frita" ( tomate, poivrons)cavec les petits morceaus de fressure de l'animal. Un régal!(Manuel)
Ps: Chez nous, nous utilisions le raccourci de"chino"pour désigner le

cochon," el cochino" comme dans la région de Murcia. La "china", la truie, La "chinera" c'était la porcherie. El "chinero" l'éleveur de porcs. El capador de chinos (capaor), le châtreur. Il y en avait un ou deux dans chaque faubourg. Il me semble que le grand-père d'Antoine "Tahitigone" en était un . Pour la petite histoire, "un Chino" en castillan c'est un Chinois. Ne pas confondre!Aucun rapport. (Manuel)

Dans mon Patio, il y avait beaucoup d'animation. Il est vrai qu'on le traversait allègrement pour passer de la rue Bedeau à la rue Richelieu et les marchands ambulants ne s'en privaient pas. Aujourd'hui, le Faltago est là avec son linge, les femmes autour de lui examinant la lingerie féminine (rien à voir avec les dessous affriolants et suggestifs de nos jours !...)et le vieux "coquin essuyait son front en sueur où collaient ses derniers cheveux blancs".
M. Martinez arrive avec le courrier qu'il remet en mains propres, toujours un mot aimable. Il n'y a pas de boîtes aux lettres, Mais le courrier est moins

volumineux qu'aujourd'hui (moins de factures, moins de Pub). On achète la glace à rafraîchir pour la journée. Tiens voilà un marchand de poulets, on pèse, on soupèse "si di bon pouli Madame", on marchande et on achète. Et puis, c'est Sandalette qui tente en vain de trouver la bonne chaussure. Qu'importe demain on ira en ville avec les ficelles qui ont servi à mesurer la longueur du pied, plutôt longue pour que les chaussures durent le plus longtemps possible. L'après-midi défilé de Pépé le chapao avec ses oublis parisiens, de Kadi avec le kilomètre (guimauve), Pépica et sa calentica, le marchand de pommes rouges confites, de tchumbos et exceptionnellement aujourd'hui un vendeur d'escargots blancs rayés comme ceux de la photo 122 de Jean-Claude.
On voyait aussi le préposé à la vente de l'Echo d'Oran que tous les voisins achetaient car il fallait aussi ravitailler notre unique WC.....
Oui, je vous l'assure, ON NE S'ENNUYAIT PAS DANS MON PATIO. (François Cazorla)

Extrait du Forum : Dans mon patio 6/9
Souvenirs collectifs de Sidi-bel-Abbes
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