Marchands d'oublies, représentation dans l'histoire de l'Art, merci à Claire Ecsedy
Les métiers à Sidi-bel-Abbès 5/13 : le marchand d'oublies
Marchande d'oublies au jardin public de Sidi-bel-Abbès
Ci-dessus la seule carte postale de Sidi-bel-Abbès représentant un marchand d'oublies (ici une marchande avec son tambour et sa tapette dans la main droite, voir aussi le dessin humoristique de José Crespo)
Ci-après, extrait d'un texte de Jean-Jacques Rousseau tiré de la neuvième promenade. (Merci à André Job) .

Un dimanche nous étions allés, ma femme et moi, dîner à la porte Maillot. Après le dîner nous traversâmes le bois de Boulogne jusqu'à la Muette ; Là nous nous assîmes sur l'herbe à l'ombre en attendant que le soleil fût baissé pour nous en retourner ensuite tout doucement par Passy. Une vingtaine de petites filles conduites par une manière de religieuse vinrent les unes s'asseoir, les autres fôlatrer assez près de nous. Durant leurs jeux vint à passer un oublieur avec son tambour et son tourniquet*, qui cherchait pratique. Je vis que les petites filles convoitaient fort les oublies, et deux ou trois d'entre elles, qui apparemment possédaient quelques liards, demandèrent la permission de jouer.Tandis que la gouvernante hésitait et disputait, j'appelais l'oublieur et je lui dis : faites tirer toutes ces demoiselles chacune à son tour et je vous paierai le tout. Ce mot répandit dans toute la troupe une joie qui seule eût plus que payé ma bourse quand je l'aurais toute employée à cela. Comme je vis qu'elles s'empressaient avec un peu de confusion, avec l'agrément de la gouvernante je les fis ranger toutes d'un côté, et puis passer de l'autre côté l'une après l'autre à mesure qu'elles avaient tiré.
Quoiqu'il n'y eût point de billet blanc et qu'il revînt au moins une oublie à chacune de celles qui n'auraient rien, qu'aucune d'elles ne pouvaient être absolument mécontente, afin de rendre la fête encore plus gaie, je dis en secret à l'oublieur d'user de son adresse ordinaire en sens contraire en faisant tomber autant de bons lots qu'il pourrait, et que je lui en tiendrais compte.
Au moyen de cette prévoyance il y eut tout près d'une centaine d'oublies ditribuées, quoique les jeunes filles ne tirassent chacune qu'une seule fois, car là-dessus je fus inexorable, ne voulant ni favoriser des abus ni marquer des préférences qui produiraient des mécontentements.
Ma femme insinua à celles qui avaient de bons lots d'en faire part à leurs camarades, au moyen de quoi le partage devint presque égal et la joie générale.
Je priais la religieuse de vouloir bien tirer à son tour, craignant fort qu'elle ne rejetât dédaigneusement mon offre ; elle accepta de bonne grâce, tira comme les pensionnaires et prît sans façon ce qui lui revint. Je lui en sus un gré infini, et je trouvai à cela une sorte de politesse qui me plut fort et qui vaut bien, je crois, celle des simagrées. pendant toute cette opération il y eut des disputes qu'on porta devant mon tribunal, et ces petites filles venant plaider tour à tour leur cause me donnèrent occasion de remarquer que quoiqu'il n'y eût aucune de jolie, la gentillesse de quelques unes faisait oublier leur laideur.
Nous nous quittâmes enfin très contents les uns des autres ; et cette après-midi fut une de celles de ma vie dont je me rappelle le souvenir avec le plus de satisfaction.
La fête au reste ne fût pas ruineuse, mais pour trente sols qu'il m'en coûta tout au plus, il y eut pour plus de cent écus de contentement. Tant il est vrai que le plaisir ne se mesure pas sur la dépense et que la joie est plus amie des liards que des louis. Je suis revnu plusieurs autres fois à la même place à la même heure, espérant d'y rencontrer encore la petite troupe, mais cela n'est plus arrivé.

*Sur le couvercle du tambour contenant les oublies était disposée une roulette pour tirer au sort le nombre d'oublies revenant à chaque acheteur.




Extraits du forum de Mekerra
en Espagne on appelle cela des "barquillos". Lorsque j'étais au CE 1, a l'école du Barrage de Bou hanifia, nous avions une institutrice, qui faisait elle même des oublies, et le samedi, a la place de la traditionnelle distribution de bons points, elle nous distribuait ses oublies. Souvenirs, souvenirs! (TahitiOL)
.

Au faubourg (rue du soleil), nous appelions ça des "barquillos" et c'était un vieux monsieur au chapeau andalou qui les vendait dans les rues. Mes parents nous racontaient que le vendeur organisait aussi une tombola.... et l'on pouvait ainsi gagner parfois des "oublies" supplémentaires. Mais moi, je n'ai pas connu ce temps-là..celui de la tombola. Cependant le bruit du "tacatac , a tacac" nous faisait sortir des patios à vitesse grand V.(Manuel )