Août 1944, les combattants d'AFN débarquent sur le sol français aux côtés des Alliés. Des milliers de pieds noirs sont là : appelés, rappelés, engagés volontaires ou militaires de carrière. Autrement dit ; beaucoup d'entre eux ont déjà donné une partie de leur jeunesse à la France : service national, camps d'entrainements en Algérie, combats de 1939 en Métropole, captivité en Allemagne, armée du Levant et campagne d’Italie ...
Voici le carnet de route d'un bélabésien mobilisé en 1944 pour la campagne de Provence. Il ne s’agit pas d’une oeuvre littéraire mais du témoignage au jour le jour d’un sous-officier artilleur de 34 ans.
(Anciens de la Mekerra, vos documents relatant cette époque sont les bienvenus sur Mekerra. Rendons hommage à nos aînés)
Commencé en mer le 11 août 1944, dédié à ma femme
Vendredi 11 août 1944
Je ne sais pourquoi, comme tout le monde, j’ai voulu commencer un journal. Ce n’est pas par envie de faire le romancier au petit pied, mais surtout pour remplacer la correspondance que je ne peux assurer. Assis devant mon papier, j’ai l’impression de t’écrire une lettre que je posterai ce soir et que tu liras dans quelques jours. Hélas, de nombreuses semaines se passeront avant que tu puisses lire une ligne de ma main Quels soucis dois-tu avoir en ce moment ? Peut-être auras-tu versé des larmes en apprenant mon départ, mais je sais que tu seras courageuse comme tu l’as toujours été. je peux partir tranquille : quand je reviendrai, je retrouverai tout en l’état.
Pour toi, j’ai décidé de noter ma vie pour que, plus tard, tu saches ce que j’ai fait à tout moment. je remonte donc à ma dernière lettre.