1967 je m’inscris sur la liste d’aptitude aux fonction de ‘directrice et directeur d’école primaire élémentaire’ afin de postuler pour la direction d’une école de 4 classes à la campagne. Dans le département les filières, les paliers, sont obligatoires: 2 à 4 classes, 5 à 9 classes et 10 classes et plus. Le 24 avril 1967 le contentieux des heures effectuées, Cours d’adultes, en 61 et 62 est en voie de règlement.
.En 68 après les événements je postule et j’obtiens la direction d’une école à 4 classes qui se transformera en 8 classes l’année suivante. Toutes les écoles de la circonscription sont mixtes, c’est la première circonscription en France a innové la mixité, écoles urbaines et rurales.
Le palier ( 5 à 9 classes) est atteint, je peux maintenant franchir le pas et demander des directions plus importantes.
1970, j’obtiens la direction d’une école de 10 classes, sans logement, et je reviens au Havre.
Le jour de la rentrée nous sommes obligés d’ouvrir en priorité 5 classes dans des préfabriqués: 15 classes donc décharge complète pour arriver trois ans plus tard à 22 classes, 622 élèves.C’est vrai que l’intox, le bouche à oreille, les rumeurs, marchaient très bien dans l’armée, surtout après le pusch d’avril 61. Les syndicats et les partis politiques y étaient pour quelque chose aussi.
Un autre me disait : «dans mon village dans le sud-ouest, le pied-noir terrien, gros propriétaire qui avait des champs d’arbres fruitiers à perte de vue avait exigé auprès du secrétaire de mairie que la commune lui fournisse 30 bonshommes pour récolter les fruits. »
A cela j’avais demandé, comment s’appelait-il, ce pied-noir ?
Si c’était D.....e, si c’était T....n, si c’était L....s, si c’était Dupont : c’est normal ils étaient métropolitains,
« quand vous citerez des noms : tels que Lopez, Botella, Gonzalez, à ce moment là je ferai en sorte de me pencher sur le sujet et de vous croire »
2007, 45 ans ont passés, cela démontre bien que la plaie ne s’est pas, encore, refermée, la réputation du pied-noir gros terrien, riche à millions est toujours dans la tête du francaoui. Nous étions les "gros riches" qui faisions suer le burnous aux populations.
La cicatrisation de cette blessure pour les déracinés que nous sommes, n’est pas, encore, à l’affiche, elle est et sera longue à venir.
Sidi Bel Abbès a fait notre bonheur. La jeunesse, qui n’est plus, ne laisse à la douleur qu’un ténébreux souvenir et des larmes.