Souvenirs deSidi Bel Abbès
Accueil / Index Ecritures / Index thématique / Ecrire à Roger Picon / page précédente / page suivante
Roger Picon
Histoire d'Antoine Martinez, 04
obscur "poilu" mort pour la France
Sidi-bel-Abbès, 26 juillet 1892
Wischaëte (Belgique), 6 novembre 1914

Rares sont les familles qui ne comptent aucune victime de la barbarie dans laquelle s’est trouvée plongée l’humanité au début du 20ème siècle. La « grande » guerre qui a vu tant de jeunes destinées brisées n’a été que le prélude à une autre guerre encore plus grande et plus meurtrière. Mais pour nous français, rapidement écartés du second conflit mondial, la saignée tout en déplorant la perte de milliers de victimes tout aussi innocentes que celles de 14-18, n’a pas revêtu la même ampleur que la première boucherie de l’histoire.
Je veux donc évoquer la mémoire d’Antoine MARTINEZ, mon oncle, modeste peintre en bâtiment, mort à l’âge de vingt-deux ans par un jour de Novembre 1914, loin des siens et loin de son Algérie natale. Qui saura dire quelles ont été ses dernières pensées ? Qui saura partager ses peurs, son désespoir de voir sa si courte vie sur le point de cesser sous le déluge de fer et de feu dans lequel lui et ses camarades se sont trouvés piégés ?
Passe encore de mourir, mais DISPARAITRE, ne pouvoir témoigner par son corps martyrisé d’une vie antérieure, ne pas pouvoir permettre aux siens de se recueillir sur sa tombe, cette fatalité a été la sienne comme celle de milliers de soldats dont la chair s’est trouvée mêlée à la terre qui les a engloutis anonymement.
En consacrant les pages qui vont suivre à ce modeste héros projeté dans le maelstrom de l’Histoire qui va le broyer...
Tournez la page