agneaux, à la queue frétillante, fébriles et avides, martyrisent à grands coups de tête dans les mamelles. La brebis de tonton Domingo a eu cette année deux agneaux, c’est l’assurance de disposer de quelques moyens supplémentaires ; le patron, "el amo", leur accorde ce privilège, comme pour le cochon, la volaille ou le jardin potager ; il suffit de pourvoir par moment à l’approvisionnement du patron : quand vient ce temps tonton Domingo recommande toujours de choisir les plus beaux légumes, les plus jolis fruits, et insiste pour que les plus belles volailles, soigneusement palpées, soupesées, soient plumées, vidées, prêtes à être enfournées. Il ne comprend pas pourquoi sa tata et son tonton acceptent de se démunir aussi généreusement. C’est maintenant tata Françoise qui l’entoure de ses bras, de sa chaude affection, qui le pousse vers le coin du feu ; demain, près d’elle, quand sera venu le temps d’alimenter la basse-cour, il la suivra pas à pas, jusque dans le poulailler, là où les poules pondent dans les niches aménagées dans les murs.
C’est le début des vacances