Ecritures de Sidi-bel-Abbès
Francis Rodriguez : les ventouses 1/2
L’hiver 1951-1952 fut plus rigoureux qu’habituellement à Bel-Abbès, nous avions eu quelques jours de neige en février, la ville s’était recouverte d’un blanc manteau, pour la plus grande joie des enfants. Il avait gelé la nuit, et, ce matin, la terre, les arbres, les toits étaient recouverts d’une petite couche de givre, sur le chemin qui nous menait à l’école Voltaire, sur les glacis, le long du canal d’irrigation, nous tapions du talon sur les petites flaques gelées pour briser la glace et vérifier son épaisseur. Le ciel était bas, l’on ne voyait pas le mont du Tessalah, notre sentinelle , quelques moineaux gonflaient leurs plumes sur les branches dénudées et apparaissaient comme de grosses boules.
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J’ appréciais de porter le béret sur la tête et je l’enfonçais un peu plus, je n’avais pas oublié d’enfiler les gants en laine tricotés par Maman.
A la maison , Grand-père allumait le feu dans la cheminée, j’aimais bien regarder les flammes et me laisser attendrir sur une belle bûche qui brûlait rêver éperdument. La rêverie montait de moi, lente et légère comme la fumée, de temps en temps une étincelle s’échappait des cendres et, après un bref éclat, allait mourir dans la suie. Assis sur une chaise basse, grand-père somnolait devant le feu de bois. J’éprouvais un certain plaisir à me trouver en face de mon aïeul, il me racontait ses souvenirs d’enfance en me regardant avec ses yeux bleus rieurs, un grand bonheur m’envahissait
Le claquement caractéristique des ailes d’un de nos pigeons qui prenait son envol, attira mon attention, je regardais par la fenêtre donnant dans la cour, le doyen de nos volatiles que nous appelions avec tendresse "monsieur pigeon" se battait avec un autre mâle qui s’était approché de sa femelle. Le chat du voisin passait lentement d’une allure féline sur la treille suspendue, puis d’un bond se retrouva sur le toit.
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Sidi-bel-Abbes, 1906, neige sur les glacis