Souvenirs de Sidi-bel-Abbes
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C’était toujours un émerveillement d’aller à la gare attendre un parent qui arrivait d’Alger , d’Oran ou du Maroc ; Ce que j’aimais le plus c’était le moment où , enveloppée dans des volutes de fumée , l’on voyait la locomotive arriver dans un bruit assourdissant . Je vous parle bien sûr  des années 1948-1949 où l’œil d’un enfant s’intéresse à tout  ce qui l’entoure. Cette grosse locomotive attirait mon attention , à l’intérieur l’on apercevait le chauffeur et son mécanicien coiffés d’une
Francis Rodriguez : La gare, le train 1/2
casquette de toile bleue qu’ils portaient visière à l’arrièrel, eur visage un peu noirci par le charbon laissait apparaître deux ronds blancs autour de leurs yeux , c’était l’emplacement de leurs lunettes qu’ils glissaient sur leur front à la manière d’un coureur cycliste du tour de France. Mon regard se portait également sur les militaires et surtout sur la patrouille de la légion qui était composée d’un sous-officier et deux ou trois soldats , ils arpentaient le quai , j’avais demandé à mon père la raison de leur présence , il me répondit qu’ils surveillaient les soldats arrivant à la gare . Nos anciens venant d’Oran où ils accomplissaient leur service national dans le régiment des zouaves ou des spahis connaissaient la présence de la patrouille. Ainsi lorsqu’un appelé arrivait en gare sans titre de permission , il lui fallait se soustraire au contrôle de la patrouille pour éviter la prison . Il n’attendait pas l’arrêt complet du train et sautait avant , tourner la page