Souvenirs de Sidi-bel-Abbes
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L’enseignement des filles à l’époque de ma mère , au début du siècle dernier,  portait également sur la couture et la lingerie, ce que l’on peut appeler les ``travaux ménagers`` . Cela n’empêchait pas maman d’écrire des lettres merveilleuses, sans une faute d’orthographe, dans une longue écriture penchée et dans un style élégant et fleuri . Elle pouvait réciter par cœur certaines fables de La Fontaine et chanter des comptines célèbres en français et en espagnol. Mes deux grands-pères et papa parlaient couramment l’arabe,
Francis Rodriguez : un enfant de Bel-Abbès 4/4
Maman avait également un bon niveau et pouvait dialogueraisément avec les marchands ambulants musulmans. Quant à moi le bagage linguistique en arabe est assez limité, je sais compter et je connais les mots courants ainsi que tous les « les noms d’oiseaux  » La plaine de la Mékerra du nom de la rivière qui traverse la ville était une région agricole . Un Haut fonctionnaire du nom de Garnier déclarait en 1911 : « Cette plaine est admirablement mise en valeur avec de très riches cultures . » La tragédie algérienne pour nous européens était avant tout une affaire de cœur, d’instinct et de réflexes, ce fut une grande histoire d’amour . Aujourd’hui il nous faut remplacer ce que nous avons perdu par les souvenirs . Il fallait que je rassemble tous les miens et que je les mette en forme afin d’en laisser une trace, bien sûr modeste, pour les jeunes qui n’ont pas connu nos années heureuses à Sidi-Bel-abbès. Puisse ma petite contribution à notre mémoire  commune, apporter la part de rêve qui nous habitait à l’époque et que nous devons transmettre à nos enfants