Souvenirs de Sidi-bel-Abbes
L'école buissonnière 1/2 par Jean-Paul de Haro
Il est un sujet dont je m’étonne qu’il n’ait  jamais ou si rarement été évoqué que je voudrais  en parler ici : l’école buissonnière.Il faut dire qu’il peut paraître surprenant de la part du brillant élève qui arrivait de Voltaire, louangé par l’inoubliable Mr Buisson et lauréat du concours des Bourses Nationales, et donc à ce titre intégré d’office au Collège en qualité de demi-pensionnaire d’intervenir sur ce sujet. Mais justement c’est cet avantage acquis qui  me poussa  à découvrir ce que certains d’entre vous ont aussi certainement connu en succombant à la tentation de l’évasion scolaire. Le paradoxe évident mérite une explication que je vais m’efforcer de vous donner ici. Elle tient essentiellement au fait que malgré la modestie de ma situation familiale j’avais la chance de bénéficier d’attentions particulièrement délicates de la part de mes tantes, qui avaient  soutenu ma mère dès son veuvage, cuisinières  réputées qui s’ingéniaient à me préparer des petits plats  (en fait chez moi il y avait deux services dont l’un m’était consacré et ce n’est qu’à l’âge adulte que j’appris à apprécier certains de nos plats les plus historiques, tels le Potage ou les Gazpachos….).
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Imaginez donc la grimace de cet enfant gâté devant les plats peu ragoûtants servis au réfectoire à l’époque de l’immédiat après-guerre ! Le supplice ne s’éternisa pas car un solide casse-croûte vint bientôt gonfler mon cartable avant que je ne décide de rallier un groupe de «grands de 4°et 3° » dont je savais qu’ils « faisaient carotte ». J’avais pourtant hésité à me joindre à eux et je n’osais pas non plus avouer chez moi que je ne voulais plus fréquenter la demi-pension….Me voilà donc pris dans l’engrenage et nos journées s’organisaient selon un rite quasi immuable : réunion devant la grille du collège, côté Olympia, puis promenade le long des glacis  et direction route de Mascara vers « le ruisseau salé ». C’est là que nous nous installions pour de véritables journées de « plein air » organisées selon un rite devenu quasi immuable : petit casse-croûte à l’arrivée après mise en commun de nos ressources du jour, quelques conciliabules pour décider quels jeux organiser (généralement des petits matches) et constituer les équipes.
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