Rober Bounneau : mes professeurs d'Anglais 2/3
Souvenirs de Sidi-bel-Abbes
Avec sa voix nasillarde, son maintien qui faisait penser celui d'un officier britannique, son humour à froid particulièrement incisif mais toutefois jamais méchant, ses interrogations écrites systématiques, il nous inspirait une « trouille bleue » et les plus cossards d'entre nous se résignaient à faire un effort pour s'éviter les heures de colle à répétition.
Même les terminales filaient doux devant lui, et c’est pourquoi il avait une côte d’enfer chez les parents d’élèves qui se montraient les plus ambitieux pour leurs rejetons.
Cette méthode d'apprentissage intensif fondée sur le « par cœur » et la répétition, qui consternerait probablement un professeur de langue des années 2000, avait pourtant l'avantage de nous fournir des bases suffisamment solides pour qu'à l'issue de deux années au régime de Monsieur Le Gall, aucun d'entre nous n'avait de souci à se faire pour l'épreuve d'anglais de nos examens à venir.

Monsieur MATTEI
Avec ses costumes toujours impeccables qui lui donnaient un maintien un peu aristocratique, il avait la réputation flatteuse « de faire de la politique », de très bien jouer au tennis et de plaire aux dames.
Toujours très pris par ses activités extérieures, il nous rendait les compositions régulièrement en retard mais nous ne lui en tenions pas rigueur.
Il était en effet très populaire car toujours de bonne humeur; et il parvenait sans s'énerver à nous faire parler convenablement en anglais, et cela sans être très à cheval sur la discipline.
Le manuel qu’il avait choisi, le Kent, avec une rose sur la couverture, était très différent du Carpentier-Fialip de M Le Gall ; il comportait des extraits de romans et nouvelles, mais très peu d’exercices de grammaire.
Avec le recul je peux me tromper mais, au contraire de Monsieur Le Gall qui, en bon breton, ne donnait pas l'impression de porter particulièrement les anglais dans son cœur, M Mattei au contraire, ne cachait pas la fascination que lui inspirait le monde anglo-saxon.
Je crois que pendant le débarquement des Américains en Algérie il avait du servir d'officier de liaison, car il nous donnait l'impression de bien connaître ce dont il parlait.
Ses commentaires de texte sur les extraits de roman qu'ils nous faisait étudier étaient toujours si intéressants, qu'avec lui nous avions réellement l'impression de voyager dans les coins les plus reculés d'Angleterre, d' Ecosse, d'Irlande, du pays de Galles ou des Etats-Unis. Tournez la page
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