Rober Bounneau :
Mes distractions et mes jeux dans les années 50
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Souvenirs de Sidi-bel-Abbes
L'aéro-modélisme :
C'est en discutant avec mes copains de classe que j'ai décidé de me lancer.
Comme c'est une activité qui monopolise de la place, ma mère m'a autorisé à utiliser la rallonge de la table de la salle à manger pour y étaler mes plans sur lesquels mes maquettes en balsa étaient clouées par des épingles.
J’achetais tout le matériel nécessaire (papier japon, corde à piano, tiges ou feuilles de balsa, colle Limpidol et le vernis qui tendait le papier sur la charpente de l’avion terminé), dans la rue Gambetta, près de chez le coiffeur GALENDO . L
a deuxième phalange de mon pouce gauche porte encore la cicatrice causée par un dérapage malencontreux de mon couteau à maquette, véritable bistouri qu'il fallait manier avec précaution. Mon père m’a appris à cette occasion à faire cesser une hémorragie en trempant mon doigt dans un verre d’eau salée. J'ai successivement monté un planeur ainsi qu’un piper-cup à hélice que je n’ai jamais fait voler, de peur d’anéantir en quelques secondes le travail de plusieurs semaines ; mais j'en étais très fier et je les ai gardés longtemps sur mon étagère, en dépit des protestations de ma mère qui trouvait que c'étaient des nids à poussière.
Le tir à la carabine
:
Au niveau de la Patte d’Oie sur les glacis Est, il y avait en permanence des manèges de chevaux de bois et une baraque de tir à la carabine .
Mon père, qui n'était pas chasseur, m’y a amené un jour car il devait considérer comme son devoir de m'apprendre à tirer.
Un plomb coûtait cinq centimes, et une balle vingt centimes.
J’ai donc commencé avec une carabine à plombs à trois mètres de distance sur des souris immobiles, (ce qui donnait droit à un bonbon), ou en mouvement (pour trois bonbons), ou bien encore sur des cinq ballons enfermés dans une cage.
La dame qui tenait le stand ne parlait que l'espagnol, mais comme elle m'aimait bien elle me rajoutait systématiquement un bonbon même quand je ratais ma cible. L
e stand d’à côté était tenu par son mari qui ne plaisantait pas.
Ses carabines à balle étaient lourdes, le recul de leurs crosses n'épargnait pas mes frêles épaules. Leurs balles faisaient un bruit d’enfer en s’écrasant sur les plaques de tôle de la paroi du fond. J
’avais le choix entre, « déquiller » une balle de ping pong qui dansait sur un jet d’eau, crever cinq ballons avec 6 balles, tirer sur des pipes de plâtre en rotation, couper une ficelle à laquelle était pendue une bouteille de mousseux, couper une attache de plâtre retenant un nounours, un oiseau, un petit drapeau, ou pour moins cher, tirer à la cible ou sur l’œil d’un pigeon en carton. Par fierté j'attendais que le stand ne soit pas trop fréquenté pour m'éviter en cas d'échec répété les sourires compatissants des adultes ou les moqueries des copains plus âgés. Ces deux baraques ont été mon école de tir avant le service militaire.
adolescents pieds noirs pratiquant l'aéromodélisme
Baraques foraines place Georges Clemenceau à Sidi-bel-Abbès
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J'espère que cet aperçu des distractions d'un gamin de Bel Abbès entre 1956 et 1961 éveilleront des souvenirs chez ceux de ma génération qui pourront sans doute compléter les points où ma mémoire s'est montrée imprécise !
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