Robert Bounneau :
Souvenirs de Catéchisme
à Bel Abbès entre 1953 et 1957, p. 2/5
Souvenirs de Sidi-bel-Abbes
Pour ma part, coiffé d’un shako militaire et avec un large nœud papillon « d’artiste »  sur ma chemise blanche, j’étais le chef d'un « orchestre » qui tenait à la fois d'une fanfare militaire et d' un orchestre de bal. A la tête de mes cinq  musiciens qui soufflaient dans leurs pipeaux comme des malades et agitaient leurs cymbales à contre-temps, je débouchais sur scène au moment où toute la noce attendait la musique pour entamer la grande scène finale du bal.
Une fois rejoint notre emplacement, j'imposais silence à la cacophonie, et dès que Mademoiselle DULAC avait démarré en coulisse son disque de valses de Vienne, je n'avais plus qu'à battre la mesure comme un vrai chef d'orchestre, pendant que toute la noce entrait dans la danse jusqu’à la chute du rideau .
Lors de la représentation « des petits », nous eûmes tant de succès que nous dûmes la redonner le dimanche suivant pour le spectacle des « grands de 3 ème année et de persévérance ».
Mais cette fois là Mademoiselle Dulac eut un mal fou à mettre en marche son pick-up et dans le silence qui s'éternisait, ma pantomime désespérée de chef d'orchestre complètement dépassé par les évènements eut le don de déclencher les fou-rires du public.
L'hilarité devint générale quand la musique se fit enfin entendre car, le volume du son ayant été poussé à fond par suite d'une erreur de manipulation, le public dut se boucher momentanément les oreilles alors que toute la noce se mettait imperturbablement à valser!

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