Ecritures de Sidi-bel-Abbès
Bachir Belhamza :
Il était une fois l’école de garçons indigènes
de Sidi Bel-Abbés
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Les petites fiches astucieuses, conçues par Mr LEVY nous ont fait apprendre par cœur, les schémas de sciences naturelles et les cartes géographiques. Notre classe de sixième de cette année 1953-1954, devait en fait relever un défi. Nous ne le savions pas, mais nous avions compris intuitivement que nous devions donner le meilleur de nous-mêmes, pour notre fierté personnelle tout simplement. Nous avions fière allure ce jour J que nous attendions avec une grande détermination pour affronter les épreuves des concours de sixième et de bourse
Les sept candidats ont été reçus et j’ai eu le privilège d’avoir été l’un des trois élèves admis en classe de sixième – M du Lycée LAPERRINE. Les quatre autres élèves reçus ayant été orientés en classe de sixième du Collège Moderne. Je me souviens toujours, à l’annonce des résultats, de cette joie et fierté empreinte d’une grande appréhension de devoir être désormais à la «hauteur » en égard à mon école.
Pour ma première rentrée scolaire au Lycée, j’ai eu droit à une « tournée » à la célèbre librairie AKNIN, muni de la fameuse liste qui nous a été remise le matin même en classe
Mon brave père s’est fait un point d’honneur de se conformer scrupuleusement à cette longue liste de fourniture et manuels scolaires pléthoriques et onéreux
Rien ne lui parut de trop Gros dictionnaire illustré, Grand Atlas, Stylo à plume dorée etc
Il a réglé sans broncher la note « bien salée qui a dévoré un grand morceau de sa paie
Ce sacrifice a scellé ma résolution d’être « à la hauteur » J avais le devoir de la prendre
Cette résolution m’a d’ailleurs accompagné, et servi comme stimulant, tout au long de mes sept années de lycée, jusqu’à ce Jeudi 29 Juin 1961, jour où furent affichés les résultats du Bac Sciences Ex.
Mon ancienne appréhension s’est alors subitement estompée comme par enchantement à la vue de mon nom sur la liste
J’ai tout naturellement dédié ma réussite en premier, à cette pittoresque petite école indigène, avec l’intime conviction d’avoir été à la « hauteur » comme j’en avais fait implicitement le serment sept années auparavant. Longtemps, bien longtemps après cette époque, somme toute bien insouciante, l’on est pris par cette envie bien compréhensible de vouloir la revivre par le partage des souvenirs de cette époque avec ceux qui l’ont connue et vécue et que la chance nous fait retrouver.
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