Les privations de toutes sortes, bien sûr, et surtout la présence permanente dans nos murs de l'impressionnante armée américaine ramenaient sans cesse dans nos esprits l'idée lancinante de la guerre.
Une préoccupation qui, pourtant, ne semblait nullement perturber notre bon Placido, patriarche cacochyme de la petite colonie. Septuagénaire décati, un âge canonique en ce temps-là, le "valenciano" trônait à longueur de journée devant sa porte, assis sur sa petite chaise au dossier tout en hauteur, son irremplaçable sillica, en reluquant d'un oeil lubrique les bonnes femmes vaquant dans le patio à leurs tâches ménagères.