les uns à l'avant, tirant péniblement sur les brancards du chariot; les autres poussant derrière avec l'énergie du désespoir; tous en tout cas maudissant de vive voix ce fardeau initialement prévu pour alléger leur tâche, sur lequel Michel, allongé de tout son long et le visage boursouflé, rythmait l'allure au son de ses lamentations régulières et un tantinet exagérées.Bien sûr et heureusement, ils connurent en d'autres circonstances et au gré de leurs pérégrinations footballistiques des retours plus glorieux mais tous se souviendront à jamais de cette lamentable épopée à l'origine de laquelle on trouvait, comme une fatalité, une espèce d'âne et deux bourricots, une affaire de famille en quelque sorte.
- Dégonflé ! dégonflé ! avait repris énergiquement Jaja, celui qui, contrairement au petit navire de la chanson, avait déjà pas mal navigué : non, mais t'a pas vu sa tête ? qu'avec toutes les piqûres de ces bichos, on dirait une pastèque; si tu veux mon avis, moi je crois au contraire qu'il a beaucoup gonflé, Michel !
-C'est vrai ça ! renchérirent en écho ses coéquipiers, tous solidaires : à sa place, on aurait fait pareil, c'est la faute à la scoumoune, voilà tout !
- Bon, si c'est comme ça, je sais ce qu'il me reste à faire , avait alors rétorqué laconiquement Vicentico, ulcéré par cette réprobation qu'il sentait unanime. Et sur le champ, sans même prendre la peine de déchausser ses godasses et d'enfiler ses tchanclettes, il s'était dirigé d' un pas résolu vers sa mule dételée qui essayait de récupérer de son effort matinal en broutant pitoyablement l'herbe famélique des alentours. Il avait ramassé ses affaires, enfourché prestement l'animal, et dans la foulée tel Sancho Pança, majestueusement calé sur la croupe de sa monture, il s'en était allé le front haut, au rythme lent du quadrupède, sous les regards ahuris de ses congénères. Ce départ rocambolesque, comme on peut l'imaginer, mit fin prématurément à la confrontation et le retour prit forcément des allures de retraite ;
-C'est vrai ça ! renchérirent en écho ses coéquipiers, tous solidaires : à sa place, on aurait fait pareil, c'est la faute à la scoumoune, voilà tout !
- Bon, si c'est comme ça, je sais ce qu'il me reste à faire , avait alors rétorqué laconiquement Vicentico, ulcéré par cette réprobation qu'il sentait unanime. Et sur le champ, sans même prendre la peine de déchausser ses godasses et d'enfiler ses tchanclettes, il s'était dirigé d' un pas résolu vers sa mule dételée qui essayait de récupérer de son effort matinal en broutant pitoyablement l'herbe famélique des alentours. Il avait ramassé ses affaires, enfourché prestement l'animal, et dans la foulée tel Sancho Pança, majestueusement calé sur la croupe de sa monture, il s'en était allé le front haut, au rythme lent du quadrupède, sous les regards ahuris de ses congénères. Ce départ rocambolesque, comme on peut l'imaginer, mit fin prématurément à la confrontation et le retour prit forcément des allures de retraite ;
Le foot par Antoine PAVIA du fbg Thiers 3/3
Souvenirs de Sidi-bel-Abbes
