Souvenirs de Sidi-bel-Abbes
André Amadeuf : les pétards, page 5/5
Ils étaient devant le Collège de filles, les pétards sautaient devant le cinéma Olympia. Les cyclistes se précipitaient vers l’endroit précité, des explosions troublaient alors la rue Mozart ou la rue Paul Bert .Je crois bien que pas un seul loustic ne fut appréhendé… ! Au Collège nous trouvâmes une solution géniale et sécurisante pour améliorer le rendement et la qualité des explosions. A l’atelier de métallerie du Collège, nous possédions une poubelle qui recueillait toutes sortes de morceaux de fer mis au rebut et en particulier des morceaux de fer plat épais d’environ un centimètre et de quatre à cinq centimètres de largeur. Ces bouts de fer provenaient soit de chutes inexploitables après sciage en petits morceaux des grandes barres de six mètres de long (morceaux destinés à l’usinage par les élèves).
Soit de travaux usinés qui avaient été notés et qui ne servaient plus à rien.
Il nous était facile de récupérer un bout de ferraille. Après un coup de scie et quelques coups de lime quand les professeurs étaient distraits, nous possédions un objet qui remplaçait avantageusement les fragiles pierres de rivière !
Il avait un petit inconvénient : il était un peu lourd, mais ce n’était rien par rapport à l’amélioration technique qu’il possédait !
Etant bien plat, il facilitait l’équilibre lorsque nous nous perchions dessus, de plus sa solidité était un gage de sécurité pour nos talons, il évitait aussi des projections d’éclats de pierre.
Cela fit des jaloux dans les rangs des artificiers des autres classes qui auraient bien voulu être équipés comme nous ! La demande étant importante, une petite industrie fructueuse se mit sournoisement en place, des morceaux de ferraille furent vendus ou troqués contre une poignée de billes, une piécette ou une balle de tennis (objet rare qui nous permettait d’organiser des parties de foot endiablées sous le préau du Collège ou sur le sol caillouteux des glacis peu respectueux de nos chaussures ! En quelques jours la poubelle fut vidée de son contenu ! Je ne me souviens plus à partir de quand les explosions de pétards artisanaux disparurent progressivement de nos activités. Pourquoi cessèrent-elles ? Après les premiers frissons d’adrénaline étions-nous blasés ? Est-ce l’apparition des baby-foot dans notre univers qui détourna notre centre d’intérêt ? Les autorités exercèrent-elles une certaine pression sur les familles en raison des accidents parfois sérieux qui firent que ces dernières conscientes du danger interdirent ce jeu dangereux ? Fut-il interdit aux droguistes de vendre aux gamins des produits explosifs ?
Je n’ai aucune réponse péremptoire à donner à ces questions ! Seuls les moments agréables d’une jeunesse heureuse et insouciante subsistent dans ma mémoire et c’est pour moi un grand plaisir que de les faire partager à mes proches et à mes amis.
Accueil / Index thématique / Index Ecritures / page précédente