Souvenirs de Sidi-bel-Abbes
André Amadeuf :
Méthode d'enseignement d'autrefois d'un instituteur atypique et exceptionnel 6/9
Il emploi une méthode pédagogique Active. Il nous implique dans le travail par toutes sortes de recherches, d'enquêtes multiples. Quand nous n'avons pas classe nous partons avec un camarade et posons aux gens les questions qu'il nous a dictées sur un sujet quelconque. Les jours suivants nous passons à l'exploitation des réponses. Pour nous remercier de nos efforts, il organise des classes promenade, nous étudions la faune, la flore, les insectes etc... Il fait feu de tout bois pour améliorer notre savoir.
Je me souviens d'une sortie mémorable. Partis du Jardin Public, nous suivîmes le canal d'irrigation qui le traversait et le rendait si verdoyant jusqu'au petit barrage sur la Mékerra, là ou il prenait vie.Nous avions profité ce jour là d'une mise en chômage technique du canal. Nous avions été conviés à nous munir de récipients, qui avait une casserole, qui un seau ou une boîte de conserve. Le maître nous avait recommandé de venir avec nos plus vieux vêtements. L'après -midi fut enchanteur. Nous nous glissâmes à l'intérieur des buses lorsque le canal passait sous un chemin. Nous barbotâmes dans les flaques d'eau, dans la boue. La récolte fût fabuleuse.
Poissons (Barbeaux), grenouilles et crapauds adultes, têtards des deux espèces, larves et herbes aquatiques...Tout cela fut placé dans des bocaux et cristallisoirs sur les rebords des fenêtres en prévision des études et observations à venir.
Le retour à la maison fut moins glorieux et moins valorisant, le linge partit à la lessive, mes copains et moi-même au baquet. En effet rares étaient les appartements qui possédaient une douche et encore moins une baignoire avec eau chaude.
Certains jours pour nous récompenser de nos sacrifices, il nous lisait, récompense suprème des extraits du livre: La Guerre des Boutons, les passages qu'il considérait comme scabreux étaient occultés aux plus jeunes, par contre il permettait aux plus âgés de les lire en silence, ce qui nous faisait enrager. Malgré son infirmité il se mêlait quelquefois à nos partie de foot-ball, il nous apprit une sorte de jeu qui ressemblait au base-ball. Ce jeu nous l'appelions la "Teake", nous y mettions toute notre énergie.
Il trouva un autre moyen de nous remercier de nos bonnes dispositions.