Souvenirs de Sidi-bel-Abbes
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André Amadeuf : Rapatriement et Intégration, fin
Notre décision est prise aussitôt, à midi je me rends à Saint-Fargeau chez un couple d'amis enseignants qui rentrent de Tunisie .Le copain à mon arrivée ouvre la porte, il tient dans sa main le bulletin syndical, il me montre l'article sur la Chine. Sans parler nous nous sommes déjà compris, un bref dialogue s'engage. Nous irons tous les quatre à Paris au Quai d'Orsay demain jeudi, jour de repos ! Le 6 janvier 1966 au grand désespoir des parents nous prenions avec nos enfants l'avion en direction de Pékin !
Une page était tournée
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En raison de nos points d'ancrage en métropole, grâce aussi à des mutations en milieu rural sous-peuplé et peu politisé nous avions moins soufferts moralement et physiquement que bien d'autres rapatriés d'Algérie, nous n'étions pas restés longtemps à Saint-Privé et à Mézilles, cependant l'expérience fut positive, attachante et....notre promesse de rester sur place ne fut pas tenue, cependant nos successeurs purent bénéficier des améliorations de notre dernier logement de fonction !


Nous avions trois enfants, nous nous étions fait des amis, nous étions respectés, nous avions tout pour être heureux et pourtant nous ne l'étions pas. Le traumatisme de notre transplantation était au plus profond de nous !
Les parents loin de nous, les amis dispersés et perdus de vue dans l'hexagone, d'octobre à avril le soleil toujours caché ! L'ensemble nous rendait tristes et parfois dépressifs !
Nous prîmes la décision de partir enseigner à l'étranger, notre choix se porta sur le Maroc. Claudette la soeur cadette de Gisèle y était enseignante depuis un an avec son mari, ils étaient très satisfaits de leur sort ! Aussi début 1965 nous déposâmes avec beaucoup d'espoirs un dossier de mutation auprès du ministère des affaires étrangères.
Malheureusement notre dossier fut refusé, la France pour des raisons économiques n'envoyait plus d'enseignants titulaires au Maroc ! Ce refus fut mal accepté, déjà nous envisagions de refaire des demandes pour aller quelque part, n'importe où dans le monde! C'est alors que le hasard intervint !
Début Novembre 1965 nous recevons un mercredi matin le bulletin syndical. Je le parcours pendant la récréation et m'aperçois que la France qui a reconnu la République Populaire de Chine quelques mois avant a depuis peu conclu un accord culturel de coopération qui a été paraphé par André Malraux notre Ministre des affaires culturelles et par son homologue Chinois. Il y est précisé que la France va envoyer en Chine dès janvier 1966 des enseignants pour y enseigner le Français. Les candidats au départ doivent se faire connaître d'urgence auprès du bureau Chine du ministère des affaires étrangères.